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Gestion collective

La gestion d’actifs française s’enfonce dans la crise

Créé le

10.09.2012

-

Mis à jour le

12.12.2012

Les mois passent et la situation ne s’améliore pas. Les gérants français enregistrent les rachats d’OPCVM et l’encours fond comme neige au soleil. Avec 758,6 milliards d’euros sous gestion à la fin du mois de juillet, la gestion collective perd un peu plus de 60 milliards d’euros sur un an. Toutes les classes d’actifs sont touchées, mais les OPCVM à risques le sont plus encore.

La décollecte se poursuit malgré la reprise des marchés d’actions

Ce mouvement de fuite des épargnants des produits de gestion collective semble peu sensible à l’inversion des marchés que l’on mesure depuis le début de l’année 2012. Pour ne prendre que l’indice phare de la Place de Paris, le CAC 40 affiche une performance de plus de 10 % depuis le début de l’année, soit un niveau comparable à l’indice EuroStoxx 50 sur les valeurs européennes (+9,59 %) ou au Dow Jones (+8,91 %) sur les valeurs américaines. Les raisons le plus souvent avancées pour tenter d’expliquer ce phénomène privilégient toujours une insuffisance de la demande. Les investisseurs auraient toujours plus les risques en aversion, dans un contexte d’incertitudes sur le devenir de la zone euro, de récession et de montée du chômage. Donc attendons des jours meilleurs et nous verrons les investisseurs revenir ! Ce constat va dans le sens des préjugés – largement relayés par les médias – sur la France, championne du pessimisme, avec des Français ne voulant pas prendre de risques et « accros » aux produits garantis, aux avantages fiscaux et aux livrets défiscalisés.

La France semble plus touchée que les autres pays européens

Au cours de l’été, Lipper a publié comme chaque trimestre le baromètre de la gestion européenne. Les statistiques se concentrent sur les produits à risques : actions, obligations et diversifiés. Les fonds monétaires et les fonds de multi-gestion sont éliminés à des fins de comparaison. Sur un encours de 4 389 milliards d’euros, la France occupe le 4e rang, avec 264 milliards, derrière les fonds « cross-border » (41 %), le Royaume-Uni et l’Allemagne. Avec 6 % de part de marché, elle se situe 3 points derrière l’Allemagne et 10 points derrière le Royaume-Uni. En un an, sa part de marché a baissé de 1,6 point, contre 0,3 point pour l’Allemagne et 1,2 point pour le Royaume-Uni.

Sur un an, la France enregistre 4 trimestres consécutifs de rachats, contre 1 pour les Anglais et 3 pour les Allemands. La France enregistre la plus forte décollecte de toute l’Europe avec un montant de 37 milliards d’euros contre 17 pour les fonds allemands. À l’inverse, le Royaume-Uni collecte plus de +7,8 milliards d’euros ! De même que les Suisses, qui voient leur encours sous gestion progresser de 43 milliards d’euros grâce à un effet marché de 35 milliards conjugué à une collecte nouvelle de 8 milliards.

Les gérants des pays de la zone euro subissent plus fortement la crise. À l’inverse, les pays en dehors de la zone semblent profiter de la situation comme le montrent les résultats de la Suisse ou du Royaume-Uni. Au sein de la zone, la France est la plus touchée, avec une perte (décollecte et effet marché) de 67 milliards d’euros sur un an, soit -20 % des encours des produits à risques. La chute est supérieure à celle de l’Espagne (-14 %), de l’Italie (-5,2 %) et du Portugal (-18,3 %), mais inférieure à celle de la Grèce (-34,4 %).

Comment enrayer ce mouvement qui place la gestion française en termes de performances en queue de classement ? Sûrement pas en continuant de considérer les épargnants comme responsables, car en réalité, ce sont eux les grands perdants. La désertion des produits de gestion collective pointe les faiblesses de sa distribution qui, dans une période d’euphorie financière à crédit, pouvait faire illusion.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº752
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