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Dette des banques : une norme comptable qui dérange

Créé le

21.11.2011

-

Mis à jour le

29.11.2011

Au troisième trimestre, 1,8 milliard d’euros sont apparus au crédit des comptes de résultat de quatre grandes banques françaises [1] , sous l’intitulé « réévaluation de la dette propre ». C’est BNP Paribas qui enregistre le gain le plus important, 786 millions d’euros. Cet impact concerne la comptabilisation de certaines dettes émises par la banque à leur valeur théorique de marché. Dans la tourmente actuelle, celle-ci baisse et cela enrichit virtuellement la banque qui, si elle devait racheter ces dettes aujourd’hui, débourserait moins que ce qu’elle a touché à l’émission des titres.

« Avec ce mécanisme, plus la situation de la banque se détériore, plus elle peut augmenter ses recettes avec de l’argent virtuel. C’est le capitalisme inversé, plus tu perds, plus tu gagnes ! Cette véritable manipulation est bien sûr avalisée par les “normes comptables internationales” », s’insurge l’économiste Philippe Herlin, sur le site Atlantico.fr. « En réalité, les banques françaises ne font qu’appliquer la norme IAS 39, comme le leur impose l’Union européenne, règle qu'elles dénoncent elles-mêmes depuis sa création », rectifie Sylvie Grillet Brossier, présidente de l’Association des directeurs comptables de banques (Adicecei). Cette norme IAS 39, ici appliquée au passif, est en cours de révision. « Cette réévaluation de la dette sera désormais imputée au bilan et non plus au compte de résultat, précise Sylvie Grillet Brossier . Mais la réforme a pris du retard, car elle est englobée dans celle de la norme sur les instruments financiers dans son ensemble : l’IASB parle de 2015, contre 2013 initialement prévu. Pourtant, cette réforme est urgente, car elle fausse les comptes des banques. » Et pas seulement des françaises : Credit Suisse et UBS ont respectivement inscrit dans leurs comptes 1,3 et 1,8 milliard de francs suisses (1 et 1,4 milliard d’euros), somme qui vient compenser la fraude du trader Kweku Adoboli dans le cas d’UBS. Quant aux britanniques, HSBC a comptabilisé ce trimestre un gain de 4,4 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros) et Barclays, 2,9 milliards de livres (3,4 milliards d’euros).

1 BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et BPCE.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº742
Notes :
1 BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et BPCE.
RB