Comment intéresser les particuliers à l’Investissement socialement responsable (ISR) ? C’est le casse-tête de tous les promoteurs de cette gestion. Un casse-tête qui reste à ce jour bien entier, et ce, en dépit des chiffres de progression des encours. L’an dernier, Novethic avait noté un bond de 89 % des actifs des OPCVM ISR à destination des particuliers en 2011, à 21 milliards d’euros. Pourtant, il ne faut pas y voir un enthousiasme soudain de la part des investisseurs individuels, mais plutôt une série de
Lorsqu’ils connaissent l’existence de ces fonds, les épargnants sont intéressés par l’utilisation des critères extrafinanciers, en l'occurrence environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). C’est ce qu’a montré Ipsos, en octobre 2012. L’institut de sondage a publié une enquête sur la perception de l’ISR des Français, en ouverture de la « semaine de l'ISR », pour le compte de l’agence de notation sociétale Eiris et du
Des pistes pour faire connaître l’ISR
La balle est donc dans le camp des établissements financiers et des conseillers de clientèle. Mais là se pose la question de la formation sur ce genre de produits, dont la philosophie peut paraître complexe. La formation des réseaux des banques et des compagnies d’assurance est un enjeu majeur pour faire passer le message auprès des clients. Dans ce domaine de la pédagogie, il y a encore du travail… à condition que ce soit une des priorités des établissements financiers, ce qui reste à démontrer dans la plupart des réseaux. À l’échelle de la
L’autre voie est de mener des campagnes d’information. Depuis trois ans, la « semaine de l’ISR », menée en octobre à l’initiative du FIR, porte-parole des gérants ISR, et avec la bénédiction du ministère de l’écologie, cherche à sensibiliser tous les publics à travers une soixantaine de manifestations, dans les réseaux, les associations, les écoles et universités. Cette action semble bien esseulée et limitée dans le temps.
Pour sa part, Novethic a pris le parti, en 2009, d’informer le grand public sur les fonds qui utilisent la sélection ESG et qui sont transparents, en décernant un label ISR. Mais d’autres initiatives risquent de brouiller le message : l’
Le Best in Class sur la sellette
La confusion règne également chez les tenants de l’ISR. À ce jour, il n’existe toujours pas de définition standard, ce qui n’aide pas à sa démocratisation. En France, les gérants ont fait le choix de la définition la plus consensuelle, mais la plus difficile à expliquer. Il s’agit du Best in Class. Ainsi, ils sélectionnent la meilleure société d’un secteur dans les trois critères ESG. Dit ainsi, c’est judicieux. Seulement, lorsqu’une entreprise du portefeuille est à l’origine, par exemple, d’une pollution, le gérant la sanctionnera en sous-pondérant le titre dans son portefeuille, alors qu’un investisseur individuel offusqué la vendra, l’exclura comme le font les gestions anglo-saxonnes ou scandinaves. Le message est alors clair : je ne suis pas d’accord avec l’entreprise, je ne l’achète pas ou je la vends. L’investisseur individuel est séduit également par des thématiques en lien avec le développement durable, le financement de la transition énergétique et écologique, la gestion de l’eau, qui sont dans l’ère du temps. Seulement, beaucoup de ces fonds ne sont pas « ISRment » corrects, car les valeurs liées à ces thématiques ne sont pas nécessairement sélectionnées à travers les trois critères E, S et G.
Cette vision du client doit pourtant faire réfléchir les sociétés de gestion. Ou alors, plus radical, faut-il mettre en sourdine l’ISR qui servira au processus de gestion pour sélectionner les valeurs de fonds dont les thématiques parleront au grand public. Et si, finalement, l’ISR n’était qu’une affaire de professionnels… responsables ?