Fin juin, les marchés se sont soudain persuadés que les banquiers centraux du monde entier s’étaient mis d’accord pour mener des politiques moins accommodantes. Les déclarations de Mario Draghi à Sintra (Portugal) – il y a expliqué que les forces déflationnistes avaient désormais cédé le pas à des forces « reflationnistes » – puis celles des gouverneurs des banques d’Angleterre et du Canada, ont achevé de convaincre les plus sceptiques : en dix jours, les taux à dix ans du Trésor américain sont remontés de plus de 25 points de base.
Mi-juillet, l’audition de Janet Yellen par le Congrès était donc particulièrement attendue, d’autant que quelques jours plus tôt la gouverneure Lael Brainard avait déclaré que la Réserve fédérale allait « très prochainement » commencer à réduire la taille de son bilan. Dans une économie toujours plus proche du plein-emploi, l’opération est logique. Convaincre les marchés qu’elle n’implique pas un durcissement plus sévère qu’attendu de la politique monétaire n’en est pas moins délicat. En rappelant, à plusieurs reprises devant le Congrès, que l’inflation restait inférieure à son objectif et que le taux des Fed Funds était maintenant proche du taux neutre, Janet Yellen a fait de son mieux.
Il va toutefois lui falloir continuer de faire preuve d’habileté car sa consœur européenne ne va pas lui faciliter la tâche : si, comme on peut l’attendre, la BCE annonce bientôt réduire encore le rythme auquel son bilan s’accroît, les marchés risquent à nouveau de penser qu’un resserrement « coordonné » des conditions monétaires est engagé…