Crise : dix ans après, où en est-on ?

&laquo; Lehman &raquo;. C&rsquo;est par ce seul mot qu&rsquo;acteurs financiers et commentateurs ont longtemps d&eacute;sign&eacute; le 15 septembre 2008, date de la faillite de la banque am&eacute;ricaine Lehman Brothers qui a pr&eacute;cipit&eacute; une crise mondiale dont les pr&eacute;misses ont pourtant d&eacute;but&eacute; au moins un an plus t&ocirc;t, notamment apr&egrave;s la suspension par BNP Paribas Investment Partners de la valorisation de trois fonds ABS (Asset-Backed Securities) le 9 ao&ucirc;t 2007. Presque dix ans jour pour jour apr&egrave;s l&rsquo;anniversaire de &laquo; Lehman &raquo;, o&ugrave; en sont les banques et la finance en termes de r&eacute;silience ? Une nouvelle crise est-elle possible ? D&rsquo;o&ugrave; pourrait-elle provenir ? Les interpr&eacute;tations divergent sur les d&eacute;clencheurs comme sur les causes profondes de la crise qui a d&eacute;but&eacute; en 2007-2008, mais aussi sur la solidit&eacute; ou les fragilit&eacute;s du syst&egrave;me financier aujourd&rsquo;hui. Sans doute faut-il distinguer les banques des autres acteurs de la finance pour analyser les &eacute;volutions depuis dix ans. Les banques ont chang&eacute;, m&ecirc;me si Laurent Quignon explique que la crise a confort&eacute; le mod&egrave;le fran&ccedil;ais de banque universelle malgr&eacute; une baisse importante de leur rentabilit&eacute;. Les banques fran&ccedil;aises ont bien travers&eacute; la crise, confirme Marie-Anne Barbat-Layani, qui rappelle qu&rsquo;elles ont doubl&eacute; leurs fonds propres en dix ans. Enfin, les banques sont d&eacute;sormais un peu partout davantage r&eacute;gul&eacute;es et supervis&eacute;es, presque trop pour certains, pas encore assez pour d&rsquo;autres&hellip; Les r&eacute;formes r&eacute;glementaires post-crise ont de fait surtout concern&eacute; le secteur bancaire. Catherine Karyotis et Ga&euml;lle Le Guirriec-Milner reviennent sur la refonte de la r&eacute;glementation financi&egrave;re et estiment que beaucoup resterait &agrave; faire pour rendre le syst&egrave;me financier dans son ensemble plus s&eacute;curis&eacute;, voire plus &eacute;thique. Car les banques &agrave; elles seules ne repr&eacute;sentent pas toute la finance, loin s&rsquo;en faut, et la crise de 2007-2008 est n&eacute;e aux &Eacute;tats-Unis et pas en premier lieu dans les banques. Or les diff&eacute;rents acteurs financiers &eacute;taient et restent interconnect&eacute;s. Et le shadow banking , i.e. la finance non r&eacute;gul&eacute;e, cit&eacute; comme source de risque actuellement, a grossi en volume depuis 2007. Nouveaux risques Dans le paysage post-crise, &agrave; des risques anciens qui perdurent s'ajoutent de nouveaux risques qui p&egrave;sent n&eacute;gativement sur le syst&egrave;me financier. Certains rem&egrave;des pourraient se transformer en maux. Beaucoup s&rsquo;accordent &agrave; penser que les politiques mon&eacute;taires non conventionnelles qui ont sauv&eacute; le syst&egrave;me ont particip&eacute; &agrave; accro&icirc;tre l&rsquo;endettement et sont aujourd&rsquo;hui sources de danger potentiel, en cas de remont&eacute;e des taux. Ainsi, des auteurs aussi diff&eacute;rents que Patrick Artus et Jean-Michel Naulot livrent des analyses macro&eacute;conomiques des fragilit&eacute;s actuelles qui convergent sur certains points : l&rsquo;attention au rythme de sortie des politiques mon&eacute;taires, le risque de liquidit&eacute; et l&rsquo;&eacute;volution des taux d&rsquo;endettement. Lors de la pr&eacute;sentation, fin juin, du rapport sur l&rsquo;&eacute;valuation des risques du syst&egrave;me financier fran&ccedil;ais, Sylvie Goulard, sous-gouverneur de la Banque de France, a d&eacute;clar&eacute; : &laquo; Les institutions financi&egrave;res fran&ccedil;aises sont r&eacute;silientes mais une hausse des taux d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de long terme pourrait devenir une source de risque si elle est brutale. &raquo; Ce rapport semestriel, qui s&rsquo;ach&egrave;ve sur les risques li&eacute;s au shadow banking , identifie deux risques de niveau &eacute;lev&eacute;, avec une perspective en hausse pour les six prochains mois : l&rsquo;endettement du secteur priv&eacute; en France, l&rsquo;accumulation de liquidit&eacute; et la forte croissance des op&eacute;rations &agrave; effet de levier (LBO) ; et le risque de march&eacute;, avec le risque de correction abrupte des prises de risque. Enfin, dans une perspective historique, Hubert Bonin rappelle dans son article qu&rsquo;aucune crise ne doit &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme la derni&egrave;re.

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