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Change et taux

Vers une politique monétaire inclusive

Créé le

16.10.2020

À un moment où le creusement des inégalités menace le bon fonctionnement de l’économie américaine et alors que le président des États-Unis attise la défiance envers la Réserve fédérale, les nouveaux objectifs de politique monétaire de la banque centrale américaine s'avèrent courageux.

Fin août, la Réserve fédérale a présenté le nouveau cadre de sa politique monétaire. Sa cible d’inflation reste à 2 % mais l’objectif est désormais de l’atteindre en moyenne : si l’on sort d’une période d’inflation faible, elle laissera donc l’inflation monter un peu au-dessus de sa cible. La Réserve fédérale a également redéfini son objectif de plein-emploi. Alors qu’elle raisonnait jusqu’à présent en écart au niveau maximum d’emploi ; elle insiste maintenant sur la résorption du sous-emploi. Enfin, en précisant que cet objectif de plein-emploi est inclusif, la Fed s’efforce à ce que l’amélioration des conditions économiques bénéficie à tous et notamment précise-t-elle aux « différentes communautés ».

Depuis les années 1970 en effet, le taux de chômage des Afro-Américains est deux fois supérieur à celui des blancs et leur salaire médian est 25 % inférieur ! Et la crise sanitaire a toutes chances d’aggraver durablement ces écarts : en freinant le retour à la normale de la consommation de services, la distanciation sociale pèse de façon disproportionnée sur l’emploi des catégories les moins favorisées, en particulier celui des travailleurs peu qualifiés de l’hôtellerie ou de la restauration.

Un nouveau choc déflationniste

Depuis plusieurs années, l’inflation peine à revenir vers sa cible et la Réserve fédérale est aujourd’hui confrontée à un nouveau choc déflationniste. À un moment où le creusement des inégalités menace le bon fonctionnement de l’économie américaine et le président des États-Unis attise la défiance envers la Réserve fédérale, modifier les objectifs de politique monétaire est courageux. S’engager dans cette voie n’est toutefois pas sans risque. D’abord parce que la banque centrale ne dispose pas d’outils lui permettant d’agir directement sur les inégalités. Ensuite parce que repousser les limites du plein-emploi pourrait un jour entrer en conflit avec une autre de ses responsabilités : la stabilité financière.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº849