Certes, le Portugal n’est pas la Grèce :
- le pays bénéficie d’un État plus solide et d’un certain consensus politique et social ;
- il a d’ores et déjà mis en œuvre quelques réformes, en particulier en matière de privatisations ;
- il dispose d’une industrie plus importante et a connu un redressement récent des exportations.
- le Portugal vit depuis 15 ans avec un déficit public/PIB de 4,5 % (contre 6,8 % en Grèce) ;
- la dette publique représente moins de 110 % du PIB (contre 160 % avant restructuration en Grèce).
Au-delà, le problème le plus crucial du Portugal est sa faible croissance potentielle et sa compétitivité en berne (spécialisation bas de gamme, scolarisation et R&D faibles…). En 2012, la récession devrait être d’au moins 3 % et tout redressement dans les années futures sera borné par le programme drastique d’ajustement budgétaire et l’impossibilité d’ajustement par le change.
Le plan de sauvetage Europe/FMI de 78 milliards d’euros du printemps 2011 court jusqu’au deuxième trimestre 2014 et le pays est censé revenir vers les marchés pour son financement à l’été 2013. Aujourd’hui, alors qu’il apparaît que les besoins de refinancement 2012 et 2013 seront supérieurs aux attentes et que le pays est noté « junk » par les agences de rating, le spread souverain portugais reste au-delà des 1 000 points de base depuis la fin 2011, la tendance s’étant inversée par rapport au spread irlandais. En tout état de cause, les exigences de solde primaire nécessaires pour stabiliser la dette publique sont socialement et politiquement inatteignables. Le Portugal aura donc besoin d’un nouveau plan d’aide et une restructuration de dette sera indispensable.