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Économie

Les cryptomonnaies ont aussi leur place

Créé le

14.12.2020

Le bilan des quatre principales banques centrales du monde riche a progressé de près de 8 000 milliards de dollars en 2020. L’expansionnisme monétaire est souvent désigné comme la cause principale de la défiance à l’égard de la monnaie et même du comportement de fuite vis-à-vis de celle-ci. Cette fuite peut se traduire par une hausse de la valorisation des actifs financiers et réels, en particulier les actions ou l’immobilier. C’est une caractéristique de « l’économie de bulle » que nous décrivons depuis longtemps [1] .

Cette fuite peut également se produire au sein des actifs monétaires. La baisse de confiance dans une monnaie se traduira par une hausse correspondante dans une autre devise convertible. Mais cette stratégie comprend une limite car toutes les banques centrales du monde riche (sans compter une quinzaine de banques centrales du monde émergent en 2020) pratiquent du quantitative easing.

Reste la possibilité de fuir dans d’autres actifs monétaires particuliers (actifs ayant des caractéristiques similaires à la monnaie) sans nationalité. On pense ici naturellement aux métaux précieux et aux cryptomonnaies.

Ajoutons que ces deux actifs ne sont pas associés à un passif, à l’inverse des autres actifs financiers conventionnels (actions, obligations). Avec les niveaux stratosphériques de dette que l’on connaît, c’est un vecteur d’attractivité non négligeable.

Pour ces deux actifs, le déterminant macro le plus significatif reste le niveau des taux d’intérêt réels et on sait que ceux-ci vont rester négatifs pendant une longue période.

Les cryptomonnaies présentent quelques handicaps par rapport à l’or (plus forte volatilité), mais aussi des avantages (système décentralisé sur internet, anonymat, dématérialisation, absence de discrimination à l’entrée, coûts de transactions…).

Si l’on veut considérer que les cryptomonnaies vont concurrencer l’or, l’encours de celui-ci hors banques centrales (ETF, or physique) est de l’ordre de 9 500 milliards de dollars, ce qui représente un niveau 17 fois plus élevé. D’où un potentiel de progression ici encore très élevé de ce point de vue.

L’intérêt des investisseurs s’est d’abord manifesté via les hedge funds. Mais, comme le montrent plusieurs enquêtes, cela va maintenant au-delà.

Bien sûr, le risque principal concernant leur valeur repose sur une possible régulation publique et/ou fiscale contraignante. Pour l’instant, ce « risque » semble quelque peu éloigné, dans la mesure où le poids total des cryptomonnaies ne représente que 0,6 % de la capitalisation boursière mondiale et 0,4 % de M3 mondial.

 

  1. 1 Cf. J.-P. Petit, La Bourse, rupture et renouveau, Odile Jacob, 2003.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº851
Notes :
1 Cf. J.-P. Petit, La Bourse, rupture et renouveau, Odile Jacob, 2003.