L’évolution de l’économie mondiale et, plus encore, des marchés financiers va être sensiblement influencée par le « risque » politique américain au cours des prochains trimestres, préalablement à l’élection présidentielle. Deux événements majeurs ont émergé lors des derniers mois : la hausse du poids de la gauche démocrate dans les sondages et la procédure de destitution à l’encontre de D. Trump. Si on additionne le poids des trois candidats nettement situés à gauche (Warren, Sanders et Harris) dans le parti démocrate, leur poids représente environ 45 % des voix, contre 40 % pour les candidats « centristes » (Biden, Buttigieg, Bloomberg et Yang). En avril dernier, les proportions étaient inversées.
En partant de la plateforme connue de la candidate démocrate Elizabeth Warren (assez proche de celle de Bernie Sanders), le prix de son élection serait certainement, selon nous, un puissant choc d’incertitude sur l’économie. Cela engendrerait aussi un marché actions baissier sur la base, à la fois, d’un impact récessif sur les bénéfices (hausse du taux d’IS sur les sociétés réalisant plus de 100 millions de profits, doublement du salaire minimum…), d’un « de-rating » du marché (hausse de la fiscalité sur les hauts revenus, sur les successions, et création d’un impôt sur le patrimoine…) et de la montée de l’aversion au risque (démantèlement des GAFAM, retour au Glass Steagall Act, interdiction du fracking
Ce que nous observons aujourd’hui est une assez grande indifférence des investisseurs et décideurs à l’égard de ce problème. Soit sont-ils encore convaincus que Biden l’emportera au final dans la primaire ; soit estiment-ils que le Congrès ou le lobbying ralentiront les réformes annoncées ; soit pensent-ils qu’une candidature aussi marquée à gauche sera aisément battue le 3 novembre par le candidat républicain, comme le fut G. Mc Govern en 1972 (face à R. Nixon).
Mais nous ne sommes pas en 1972. La thématique de la montée des inégalités, de l’excessive concentration des entreprises, du coût des études supérieures, des difficultés dans l’accès au logement, de la lutte contre le réchauffement… correspondent aujourd’hui à des préoccupations majeures d’une grande partie des Américains. Parallèlement, la popularité de Trump