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Change / taux

Faut-il craindre une inversion de la pente de la courbe des taux américaine ?

Créé le

24.09.2018

-

Mis à jour le

01.10.2018

L’aplatissement récent de la pente de la courbe des taux d’intérêt américains fait l’objet d’un regain d’attention. On peut le comprendre : depuis 1955, les inversions de la courbe ont systématiquement précédé d’environ un an l’entrée en récession de l’économie américaine.

Pour certains, ce « pouvoir prédictif » de la pente de la courbe traduit la clairvoyance des marchés obligataires : convaincus que la fin du cycle approche, ils anticipent une baisse des taux directeurs et révisent leurs attentes de taux à court terme sur les prochaines années, tirant vers le bas les taux à long terme. La banque centrale, aveugle aux signaux d’inquiétude envoyés par les marchés obligataires, n’abaisse pas immédiatement ses taux, voire continue de les monter : la courbe des taux s’aplatit… avant éventuellement de s’inverser !

Cette clairvoyance des marchés obligataires est toutefois surprenante, d’autant que les marchés actions en semblent, eux, dépourvus. Le pouvoir prédictif de la pente de la courbe des taux relève peut-être d’une autre logique : les taux à long terme étant largement le reflet des anticipations d’inflation, l’écart entre le taux d’intérêt à court terme et les taux à long terme mesure l’intensité du freinage opéré par la politique monétaire. Plutôt qu’une improbable clairvoyance des marchés obligataires, le « pouvoir » de la pente de la courbe procède d’une logique plus triviale : plus la banque centrale relève son taux directeur, plus les risques de voir l’économie américaine entrer en récession s’élèvent… à moins bien sûr que, dans le même temps, la politique budgétaire ne soutienne l’activité !

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº824