Chypre paie cher les dégâts causés par son secteur bancaire hypertrophié (le bilan des banques représentant 7 à 8 fois le PIB de l'île) en situation de faillite. Alors que l'activité des banques chypriotes au niveau national a fait l'objet d'un
En effet, la troisième banque grecque, Piraeus Bank, a annoncé le 26 mars dernier la reprise pour 524 millions d'euros des activités en Grèce des trois principales banques chypriotes : Bank of Cyprus, Cyprus Popular Bank (ou Laiki Bank) et Hellenik Bank (voir Encadré 1). La Banque nationale de Grèce (BNG), Alpha bank ainsi que Hellenic Postbank avaient également manifesté leur intérêt. L'an dernier, la Banque du Pirée a déjà racheté la filiale grecque de la Société Générale (Geniki) et absorbé les actifs sains de la banque agricole grecque ATEBank.
À l'issue de l'opération, Piraeus Bank disposera d'un réseau de 1 660 agences, 24 069 collaborateurs et d'un total de bilan de près de 100 milliards d'euros (voir Encadré 2). Par ailleurs, la banque grecque va se hisser au second rang national.
Au-delà des intérêts particuliers de l'acquéreur, cette opération vise aussi un triple objectif. D'une part, il s'agit de sécuriser les dépôts en Grèce pour éviter tout mouvement de panique dans le pays. D'autre part, cette opération garantit la stabilité du système bancaire grec et le protège d'une éventuelle contagion en provenance de l'île. Enfin, elle procure de manière indirecte un soutien à Chypre dans le cadre de la résolution de sa crise bancaire. En effet, le volume des prêts bancaires des banques chypriotes en Grèce atteint près de 24 milliards d'euros, soit 1,2 fois le PIB de l'île. Dès lors, cette cession allégera de facto les besoins de recapitalisation des banques chypriotes.
Même si Chypre semble avoir évité la faillite de son système bancaire, le traitement de cette crise marque une rupture profonde en Europe. Après les actionnaires et les créanciers, c'est en effet au tour des déposants d'être mis à contribution, pour la partie des dépôts supérieure à 100 000 euros. Il s'agit là d'une première en matière de résolution des crises bancaires qui pourrait avoir des conséquences graves à l'avenir. L'inquiétude des déposants va demeurer et surtout leur confiance dans les systèmes bancaires européens sera moins grande, rendant ainsi les prochaines crises de liquidité (bank run) encore plus dévastatrices.