« Cyprus is no template » a affirmé Mario Draghi, le président de la BCE le 4 avril. Le plan de sauvetage chypriote du 25 mars ne doit donc pas être considéré comme un modèle pour les résolutions de crises à venir, contrairement à ce qu'avait affirmé Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe dont les
Un risque accru de bank run
Extrêmes également sont les maladresses commises à l'occasion de ce plan. La première version (du 16 mars) qui prévoyait la mise à contribution de tous les dépôts, y compris en dessous de 100 000 euros, n'aurait pas dû être proposée. « That was not smart, to say the least », a commenté Mario Draghi. « Même si l'on sait maintenant que l'idée originelle de mettre à contribution tous les dépôts venait des négociateurs chypriotes, jamais l'Eurogroupe, la BCE et le FMI n'auraient dû laisser passer une proposition pareille ; heureusement, le parlement de l'île a refusé ce plan, mais le simple fait de l'avoir présenté va laisser des traces », estime Stéphane Déo, responsable mondial de l'allocation d'actifs chez UBS.
L'Europe devra déployer davantage d'efforts pour convaincre de la solidité de la garantie qu'elle entend appliquer aux dépôts de moins de 100 000 euros au travers des directives qui sont sur le point d'aboutir sur la résolution et la garantie des dépôts. « L'épisode chypriote montre que la garantie est une affaire nationale puisque le premier plan s'écartait du cadre envisagé par l'Europe, souligne Stéphane Déo. En touchant aux dépôts, l'expérience chypriote favorise les bank run, ce qui va rendre plus complexe la résolution des prochaines crises bancaires. »
Outre les déposants, les créanciers seniors voient eux aussi leurs avoirs plus exposés. Le service des Études économiques du groupe Crédit Agricole SA écrivait le 4 avril : « On observe déjà une remontée des CDS bancaires, témoignant d'un regain d'aversion au risque bancaire. Pour la première fois, les créanciers seniors et les gros déposants sont mis à contribution dans le cadre d'une restructuration bancaire, alors que l'expropriation récente des créanciers subordonnés dans le cas de SNS aux Pays-Bas avait déjà surpris. Cela tend à réduire encore la visibilité des investisseurs sur la façon dont seront traités les différents types de créanciers lors d'une prochaine faillite bancaire. »
Pour Stéphane Déo, le plan chypriote est aussi important que le meeting de Deauville qui avait brisé l'idée qu'un État de la zone euro ne peut pas faire défaut : « Avec Chypre, les déposants et les créanciers seniors des banques savent désormais qu'ils sont vulnérables. » S.G.