La justice américaine a le bras long

BNP Paribas et l’Argentine : deux affaires judiciaires très différentes, mais réunies par l’actualité. D’un côté, une banque qui s’est cru à l’abri de la réglementation des États-Unis, car n’étant pas américaine et n'originant pas les opérations litigieuses sur le territoire américain ; de l’autre, un État qui, ayant émis une partie de sa dette sous droit américain pour rassurer ses investisseurs, se trouve rattrapé par lui (lire aussi l’article d’Éric Dor, « Quelles leçons pour les restructurations de dettes souveraines en zone euro et ailleurs ? »). Dans les deux cas, une même leçon : les décisions de justice des États-Unis ont des conséquences très significatives sur la vie des affaires bien au-delà de leurs frontières. Un embargo unilatéral pourra demain s’imposer à toutes les juridictions sous prétexte que l’on utilise le dollar. Une restructuration de dette pourra échouer car un tribunal de New York a rendu une jurisprudence puissante. L’hégémonie historique des États-Unis en matière financière va longtemps laisser des traces… Du moins jusqu’à ce que le reste du monde ne se réveille et ne cherche une alternative à cette suprématie.