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Risques

Endettement privé et taux bas, des risques forts et croissants pour le système financier

Créé le

25.08.2020

« Nous sommes objectivement dans une situation inédite avec davantage de risques de caractère systémique qui peuvent toucher tout le secteur financier, indiquait Sylvie Goulard, sous-gouverneure de la Banque de France, lors de la présentation du dernier rapport semestriel de l’évaluation des risques pour le système financier français de juin 2020. Cette édition reflète bien les événements exceptionnels qui ont eu lieu, et le constat est inédit ».

Le premier risque identifié par la Banque de France, le plus fort et en perspective haussière, concerne les risques liés à l’endettement des sociétés non financières. « Les entreprises et les PME ont connu un choc de trésorerie de très grande ampleur du fait de l’incapacité à poursuivre l’activité pendant le confinement et cela peut déboucher sur des problèmes de solvabilité dans un effet de second tour si trop d’entreprises ont des difficultés. Et cela peut avoir des effets sur la rentabilité des banques et des investisseurs institutionnels », précise Sylvie Goulard.

L’autre risque fort et croissant est celui des taux bas durables. « Le risque de taux bas comme les risques liés à l’endettement privé et de marché figurent sur les évaluations des risques depuis plusieurs semestres mais il y a un changement, c’est qu’il est maintenant systémique. Nous avons dorénavant des taux d’intérêt bas élargis à l’ensemble des grandes zones monétaires, donc l’ensemble des investisseurs sont concernés par ce défi. Les taux bas ont des bénéfices pour les emprunteurs mais représentent un préjudice pour les banques, dont la profitabilité est en partie érodée », rappelle Emmanuelle Assouan, directrice générale adjointe de la Banque de France. Les banques françaises sont cependant relativement armées face à ce risque. « La marge nette d’intérêt (MNI) se réduit mais les banques françaises ont des spécificités du fait de leur profil très diversifié, et leurs revenus issus des commissions nettes sont très élevés, donc la part de la MNI est plus faible en France qu’ailleurs, ce qui est un élément d’atténuation du risque très structurel pour les banques françaises », estime Emmanuelle Assouan.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº847
RB