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Finance climat

Des incitations à financer davantage la transition énergétique après la CoP24

Créé le

19.12.2018

-

Mis à jour le

27.12.2018

La conférence mondiale sur le climat (CoP24) qui a eu lieu du 3 au 14 décembre 2018 à Katowice (Pologne) avait cette année pour objectif de produire des règles destinées à mettre concrètement en application l’Accord de Paris, signé fin 2015, visant à limiter le réchauffement climatique sous la barre des 2 °C (voire 1,5 °C) de hausse d’ici 2100. Un « mode d’emploi » (Rulebook) établit désormais les modalités de suivi des actions nationales qui doivent être effectives en 2020. Experts et observateurs ont cependant regretté que les États réunis à Katowice n’aient pas poussé plus loin leurs ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), alors que le dernier rapport du Giec, publié en octobre, a tiré la sonnette d’alarme sur l’état dans lequel serait le monde avec une hausse ne serait-ce que de 1,5 °C. Les engagements pris lors de la CoP21 mèneraient actuellement à un réchauffement de 3 °C selon l'ONU.

La CoP24 a toutefois été l’occasion, comme souvent, pour divers acteurs, de lancer des initiatives et projets pour inciter la communauté et le secteur financier privé en particulier à aller plus loin, alors que tout le monde s’accorde à penser que l’action publique et étatique seule est totalement insuffisante en matière de financement de la transition énergétique.

Un Plan Juncker vert à la française ?

En France, au dernier jour de la CoP24, le 14 décembre, un rapport « Pour la création de France Transition » a été remis par Pascal Canfin (WWF) et Philippe Zaouati (Finance for Tomorrow, Mirova), auxquels Bruno Le Maire et Nicolas Hulot avaient confié une mission en juin. Partant du constat que la France connaît un déficit d’investissement par rapport à ses objectifs climatiques, le rapport préconise de créer un outil de garantie publique et de réunir une équipe d’investissement publique, « France Transition », qui « développe une doctrine pour l’usage d’instruments financiers publics/privés de partage de risques » inédits. « Nous pensons qu’il est nécessaire de lancer un signal fort en direction du secteur financier privé, via une expérimentation qui constituerait à la fois une alternative crédible à la mise en place d’un Green Supporting Factor et renforcerait l’incitation pour que les investisseurs et le secteur bancaire innovent et soient en mesure de massifier leur implication concrète dans le financement de la transition », estiment les auteurs du rapport. Une première enveloppe de 1 milliard d’euros permettrait, avec « un effet de levier massif », de mobiliser 10 milliards d’euros d’investissement privés dans la transition écologique. Reste à voir comment sera accueilli ce projet.

Alors que la nécessité d’agir progresse chez toutes les parties prenantes, les lignes devraient continuer à bouger avant la CoP25 qui aura lieu fin 2019 au Chili en partenariat avec le Costa Rica, après que, début décembre, le Brésil a annoncé qu'il refusait de l'organiser comme prévu.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº827