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La BCE restera-t-elle un nid de faucons ?

Créé le

25.05.2011

-

Mis à jour le

31.05.2011

Après huit ans de bons et loyaux services, Jean-Claude Trichet s’apprête à tirer sa révérence en octobre prochain. Il sera remplacé par Mario Draghi, actuellement gouverneur de la Banque Centrale d'Italie.

Le bilan de Jean-Claude Trichet est sans aucun doute positif : il a su asseoir la crédibilité de la BCE, qui n’a que 10 ans de vie, auprès des milieux économiques et financiers et surtout vis-à-vis de la FED. Des décisions importantes ont été prises avec la Réserve fédérale américaine, notamment sur les accords de swap, les prêts en dollars, ou encore sur la baisse des taux après la chute de Lehman Brothers. Comme le précise Christophe Blot, économiste à l’OFCE, « la BCE a révélé ses capacités avec la crise. Elle a adapté son cadre opérationnel, notamment sur l’offre de liquidité. Avec la crise budgétaire, elle est intervenue sur les marchés des dettes publiques, même si l’efficacité de ces interventions sur l'évolution des taux d'intérêt reste à préciser ».

Concernant sa politique sur le couple volage inflation/croissance, Jean-Claude Trichet a eu une interprétation assez stricte de sa politique de lutte contre l’inflation, l’œil rivé sur l'altimètre des 2 %. Il aurait pu sur ce point faire, selon certains, preuve de plus de souplesse en adoptant une fourchette entre 1 et 3 %, à l’instar du modèle de la Banque d’Angleterre. Au travers de son outil fétiche, les taux directeurs, Jean-Claude Trichet a actionné une hausse depuis le début de l’année, pour atteindre 1,25 %. « Cette augmentation des taux est peut-être précoce, souligne Christophe Blot. Le chômage de la zone euro reste autour de 10 % et l’écart de production, à 2,5 %, montre une nette sous utilisation des capacités de production des pays. Si les taux augmentent, ceci risque fortement de freiner la demande et de maintenir l’économie dans une situation de sous-emploi ».

D’ici à octobre 2011, les taux directeurs pourraient augmenter jusqu’à 1,75 %, en fonction de l’évolution des prix des matières première. Mario Draghi aura, selon Christophe Blot, « trois défis à relever : une plus grande prise en compte des taux de change, une meilleure coordination avec la politique budgétaire européenne et, enfin, une réflexion sur l'action de la BCE en termes de contrôle de la stabilité financière ».

A. F.-T.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº737