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Banques grecques : l’heure de la recapitalisation ?

Créé le

27.08.2015

-

Mis à jour le

03.09.2015

De combien auront besoin les banques grecques pour remonter la pente après l’énième épisode de crise qu’a connu le pays cet été ? « Le troisième plan d’aide prévoit pour le système bancaire une enveloppe qui pourrait atteindre 25 milliards d’euros et 10 milliards ont  déjà été placés sur un compte ségrégué auprès du MES [1] , explique Anna Sienkiewicz, économiste bancaire zone euro pour Crédit Agricole S.A. Mais le montant de la recapitalisation reste encore inconnu. Il faudra attendre fin octobre ou début novembre, les résultats de l’évaluation des bilans et des stress tests menés par la BCE. » Alors que les banques grecques avaient plutôt bien réussi l’AQR [2] de 2014, leurs bilans se sont beaucoup dégradés ces derniers mois : les dépôts ont fui, les créances non performantes augmenté. Avant l’été déjà, ces dernières représentaient 34 % des prêts à l’économie, selon Anna Sienkiewicz. « Or le plan de réduction des dépenses publiques prévu par l’accord de mi-août va conduire vraisemblablement à une remontée des arriérés de paiement des administrations, peser sur le secteur privé et se transmettre au secteur bancaire », complète Paola Monperrus Veroni, macro-économiste pour la zone euro pour Crédit Agricole S.A. Autre source d’inquiétude : les fonds propres durs actuels des établissements sont-ils véritablement solides ? Depuis la restructuration de la dette détenue par le secteur privé en 2012, les banques ont accumulé des crédits d’impôts différés (DTA [3] ), crédits théoriquement opposables à l’État. L’extrême fragilité des finances publiques soulève bien entendu la question de la qualité de ce type de fonds propres durs, qui constituent tout de même près de la moitié du total. « La BCE est sensible à ce sujet et il est prévu que la Grèce légifère pour minimiser le lien entre banques et État, c’est-à-dire réduire le recours aux DTA », note Anna Sienkiewicz. Se greffe aussi la question du bail-in. La participation des créanciers seniors dont les dépôts sont supérieurs à 100 000 euros sera possible à partir de janvier 2016 selon la directive sur la résolution. « Il n’y a pas de chiffres officiels mais ces dépôts seraient constitués de la trésorerie des entreprises grecques. Les faire contribuer à la restructuration serait délétère. Et ils ne suffiraient de toute façon pas », met en garde Anna Sienkiewicz. Si elle semble inéluctable, l’idée est toutefois de limiter autant que possible l’injection de fonds publics. Une fois les résultats de l’AQR connus, les banques seront priées de remettre un plan de redressement à la BCEÉ: cession d’actifs, baisse des coûts, voire fusion si les autorités de la concurrence le permettent, pourraient être envisagées, de même que la création d’une « bad bank » publique. En attendant l’automne, le contrôle des capitaux demeure pour éviter qu’en plus de la solvabilité, ce soit la liquidité qui ne recommence à se détériorer.

 

1 Mécanisme européen de stabilité.
2 Asset Quality Review.
3 Deferred Tax Assets.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº787
Notes :
1 Mécanisme européen de stabilité.
2 Asset Quality Review.
3 Deferred Tax Assets.