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Parcours

Michel Fleuriet : banquier made in France

Créé le

24.06.2019

-

Mis à jour le

27.06.2019

Les formations et compétences françaises en matière financière sont souvent reconnues à l’étranger. Michel Fleuriet n’est pas peu fier de contribuer à cette influence au travers d’un manuel devenu aux États-Unis un outil de base pour les étudiants dans les cycles centrés sur la banque d’investissement, mais aussi du « Modelo Fleuriet » au Brésil.

Le savoir-faire des banquiers français est une valeur sûre, reconnue au plan international ! Le parcours de Michel Fleuriet en témoigne, et pas seulement parce que celui-ci a été président des implantations françaises de Chase Manhattan ou de Merrill Lynch. Il a aussi été professeur à HEC et le fondateur du Master 268 BIM (Banque d’investissement et de marché) de l’Université Dauphine en 2007, qui a contribué à installer de nombreux étudiants français dans les desks et investment banks à l’étranger. Ce master professionnel en apprentissage avait été organisé avec les grandes banques de la Place qui procuraient des stages de formation de 12 mois aux étudiants. À la sortie, il eût été naturel que les banques recrutent les diplômés, mais au lendemain de la crise, au moment où la première promotion d’étudiants est partie sur le terrain, les possibilités d’emploi en France étaient très réduites et il a donc fallu essaimer à l’étranger. « De ce fait, on trouve aujourd’hui fréquemment ces “BIMeurs” dans les desks ou services d’investment banking, tant aux États-Unis qu’en Asie » explique l’intéressé.

En outre, Michel Fleuriet a enseigné plusieurs années à l’Université de Wharton et il est l’auteur d’un livre sur l’art et la manière de pratiquer l’investment banking [1] – qui n’a pas eu un très grand succès dans sa version française, mais vient d’être rééditée dans sa version anglaise – devenu le manuel de base de tout futur investment banker outre-Atlantique : « Ce livre est devenu un ouvrage de formation aux États-Unis, présentant à la fois la théorie et des cas pratiques tirés de ma propre expérience. Par exemple, Merrill Lynch a été le conseil de Renault lors de son rapprochement avec Nissan, que je mets en perspective avec ce que Goldman Sachs a fait avec Daimler et Chrysler : la comparaison entre les deux opérations est instructive sur comment réussir ou faire échouer une fusion ! Il semblerait que Goldman n’ait pas retenu la leçon dans le projet de fusion entre Fiat-Chrysler et Renault… ». Surtout l’objectif du livre est de diffuser de « bonnes pratiques » dans la conduite du métier d’Investment Banker : « L’investment banking couvre de nombreuses activités, entre fusions/acquisitions, equity capital market, debt capital market, financements structurés ou encore leveraged finance, souvent organisées en silos : chaque activité a des techniciens remarquables, mais ils ne connaissent que leur spécialité et ignorent les autres. Or, lorsqu’il utilise les services d’une banque d’affaires, un client s’attend à voir un interlocuteur qui gère tous ses besoins sans avoir à s’adresser successivement à chaque expert dans sa partie. Dans cette optique, Goldman Sachs avait inventé il y a longtemps le concept et la fonction de Relationship Manager – aussi nommé “coverage” –, c’est-à-dire de spécialiste de la relation client capable de réagir à toutes ses demandes. Il analyse les besoins du client, connaît les offres de la banque et peut faire la jonction avec les experts des métiers. C’est l’homme de confiance ». Aujourd’hui, cette pratique a été largement adoptée dans les investment banks ou départements dédiés des grands groupes, tant anglo-saxons qu’européens.

Enfin, dans un autre registre, Michel Fleuriet est aussi à l’origine du « Modelo Fleuriet » au Brésil. Enseignant à l’Executive school Dom Cabral depuis la création de cet établissement, il explique comment il a introduit au Brésil la notion de besoin en fonds de roulement, il y a 42 ans, dans la gestion financière des entreprises. « Dans une économie où le crédit est très coûteux (anormalement même), un environnement extrêmement volatil (dito), il s’agissait d’expliquer comment gérer le BFR comme un investissement et que la survie de l’entreprise en dépendait. Une étude d’un organisme de financement public au Brésil a d’ailleurs montré que l’absence de financement du BFR est une importante cause de mortalité des entreprises brésiliennes » souligne Michel Fleuriet. Cette explication est devenue une théorie baptisée Modelo dinamico ou Modelo Fleuriet (à l’insu de son auteur) qui est utilisée pour mesurer le risque de crédit des entreprises. Aujourd’hui, même pour être commissaire de police dans l’État de Rio, il faut passer un concours dans lequel figurent des questions de culture financière générale sur le Modelo Fleuriet !

Décidément, le savoir-faire financier français s’exporte bien ! E. C.

 

1 Banques d'investissement et de marché – Les métiers des banques d'affaires, Economica, 2007, traduit en anglais sous le titre Investment Banking Explained, McGrawHill, 2008.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº834
Notes :
1 Banques d'investissement et de marché – Les métiers des banques d'affaires, Economica, 2007, traduit en anglais sous le titre Investment Banking Explained, McGrawHill, 2008.
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