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Innovation

Instant Payment : la course contre la montre

Créé le

26.05.2016

-

Mis à jour le

01.06.2016

Les banques doivent faire face à l’arrivée du paiement en temps réel (instant payment). Cela modifiera la relation avec leurs clients, mais aussi le back-office de traitement des opérations. Les échanges interbancaires pourront-ils suivre ?

À l’âge de l’Internet mobile, tous les services se conjuguent au temps réel. Les paiements n’y échappent pas : le paiement en temps réel, en anglais instant payment, devrait ainsi apparaître fin 2017 en Europe, conformément à la feuille de route fixée par l’Euro Retail Payments Board (ERPB), dans son objectif de contribuer « au développement d’un marché intégré, innovant et compétitif des paiements de détail en euros effectués dans l’Union européenne ». L’instant payment se définit, comme l’a précisé l’ERPB, comme une solution de paiement électronique disponible à tout moment, résultant d’une compensation interbancaire immédiate ou quasi immédiate de l’opération et du crédit au compte du bénéficiaire avec une demande de confirmation au payeur. Si ce nouvel instrument offre de nouvelles perspectives aux banques, elles doivent se lancer dans une double course contre la montre : pour que leurs systèmes d’information soient prêts à temps pour l’accueillir ; pour traiter le paiement en quelques secondes. Petit tour d’horizon des challenges à relever pour les banques.

Des relations avec le client…

On peut facilement imaginer qu’un client veuille à tout moment avoir à portée de main un instrument de paiement immédiat pour régler certains achats. Les banques devront lui permettre de l’utiliser à tout moment, via mobile ou Internet. Mais cette initiation multicanal couplée à l’instantanéité de la transaction peut entraîner des fraudes qui, elles aussi, deviennent immédiates. Le temps d’investiguer, l’argent pourrait bien avoir déjà voyagé dans toute l’Europe. La protection du client doit dès lors être renforcée par un contrôle accru des risques.

L’instant payment contraint en outre à communiquer en temps réel avec le client. En fonction de son profil et de ses souhaits, qu’il soit payeur ou payé, la banque devra gérer différents canaux de communication pour l’informer du résultat du paiement.

…aux traitements bancaires

L’instant payment va venir imposer ses contraintes de temps réel, de haute disponibilité et de traitement de transaction unitaire aux moteurs de paiements des banques, plus habitués à fonctionner par traitement de masse. En outre, alors qu’en matière de lutte contre le terrorisme et de blanchiment d’argent, les banques ont actuellement du temps pour vérifier les transactions, il leur faudra demain décider en une fraction de seconde du niveau de risque que présente une transaction.

Et parce qu’avec l’instant payment, le compte de l’initiateur de la transaction doit être immédiatement débité, une tenue de position en temps réel est nécessaire pour sa banque, comme c’est déjà le cas pour la carte. De l’autre côté, le bénéficiaire doit aussi être immédiatement crédité et les fonds disponibles pour réutilisation. Sa banque doit donc aussi être en capacité de gérer son compte en temps réel.

…via des échanges interbancaires immédiats

Actuellement, les banques échangent via les systèmes de compensation (CSM) des fichiers de paiements plusieurs fois par jour. L’instant payment induira un échange interbancaire ultrarapide pour chaque paiement, imposant une transition d’un mode d’échange par fichiers vers des échanges interbancaires en temps réel.

Si le transfert des fonds devient instantané pour les clients des banques, qu’en est-il du règlement entre banques ? Celui-ci ne sera pas instantané, car le système de règlement des banques centrales (TARGET2) n’est pas ouvert en continu 24h/24 et 7j/7. Les banques vont donc se retrouver avec un système à deux vitesses… Le risque de manque de liquidité évoluera lui en revanche à la vitesse de l’instant payment, et le besoin d’anticipation des comptables s’en trouvera nettement accru.

Tous ces impacts sur le système informatique et l’organisation des banques doivent être évalués pour pouvoir relever les défis de l’instant payment dans les temps impartis. Moteurs de paiement, raccordement aux systèmes d’échanges interbancaires, modules complémentaires, les défis à relever sont nombreux, mais des paiements plus rapides rendront les banques plus fortes : « Harder, better, faster make us stronger », ces paroles du célèbre duo français Daft Punk prendraient ici tout leur sens !

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº797
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