Square

Rencontre avec Pascal Colin, PDG de Keynectis

« Il y a de la place pour un pure player indépendant dans la PKI »

Créé le

21.08.2011

-

Mis à jour le

16.06.2017

En plein cœur de l’été, la nouvelle est tombée : Keynectis achète un autre spécialiste de l’infrastructure à clé publique (PKI – Public Key Infrastructure), OpenTrust. Cette acquisition, pour un montant non communiqué, vise à obtenir l’envergure suffisante pour conquérir le marché international, en toute indépendance.

Jusqu’à présent, Keynectis avait axé sa croissance sur un développement interne. Pourquoi ce changement de stratégie ?

Dans le secteur de la PKI, nous sommes en Europe à un point où les acteurs du marché se consolident. Les technologies ont une dizaine d’années, les acteurs pure player (NDLR : dont la seule activité tourne autour de la PKI et de l’authentification) sont des PME ayant beaucoup investi dans le développement technologique. Pour se développer, il faut faire un effort marketing et commercial, et en avoir les moyens. Nous sommes sur un marché de niche où il faut être capable d’aller aussi conquérir des clients à l’international. Le marché national n’offre pas suffisamment de garanties pour le développement d’une société.

Pourquoi avoir choisi OpenTrust ?

Ils sont notre complément idéal. Comme nous, ils ont une centaine de grands comptes en clientèles, et seuls deux ou trois d’entre eux sont communs. Par ailleurs, nous cherchions à compléter notre gamme sans réinvestir dans la recherche et développement. OpenTrust nous apporte cette complémentarité. Ainsi, il nous apporte une solution de card management systems que nous n’avions pas dans notre gamme. De plus, l’historique des deux sociétés est très différent. OpenTrust délivre des PKI clé-en-main en entreprises, que leurs clients peuvent gérer eux-mêmes. Keynectis vient du monde de l’opérateur en proposant un service aux grands comptes (NDLR : ils proposent ainsi l’émission et la gestion des certificats et des clés pour le compte de leurs clients). Nous étions précurseurs du mode SaaS (Software as a Service). Nous avons d’un côté, Keynectis pour l’émission en gros volumes de certificats, comme pour les contrats gouvernementaux, et de l’autre OpenTrust pour une PKI simple et ergonomique, vendue via des distributeurs. Nous couvrons désormais toute la gamme de l’État à la PME, et nous pouvons délivrer l’ensemble des produits en mode SaaS.

Où en est-on du rapprochement ?

Nous avons annoncé des négociations exclusives début juillet et la vente s’est conclue à la fin du mois. Maintenant, nous allons intégrer les deux sociétés en une seule, d’ici la fin de cette année. Les deux marques vont perdurer, car elles couvrent des gammes et des modes de distribution différents. A l’export, OpenTrust a beaucoup travaillé sur un réseau de revendeurs, et Keynectis sous forme de collaboration avec des grossistes intégrateurs. Nous sommes complémentaires et cette fusion nous permettra de diviser par deux le déploiement à l’international.  Notre stratégie à court terme est de réussir l’intégration des deux sociétés. Nous allons rationaliser notre portfolio, même s’il y a peu de produits qui font doublons. Nous commençons déjà à développer des produits communs. Certains produits d’OpenTrust passeront en mode SaaS dès l’automne, notamment MFT (Managed File Tranfert) (http://www.opentrust.com/fr/produits/opentrust-mft). A long terme, nous pensons qu’il y a de la place pour un pure player indépendant de la PKI qui travaillera avec les grands groupes. Tout en nous assurant de ne pas être rachetable par un grand groupe dans les années à venir.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº739