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Ressources humaines

Le délicat recrutement des Compliance Officers

Créé le

14.11.2017

-

Mis à jour le

27.11.2017

Fonction stratégique depuis la crise de 2008, la conformité doit attirer des profils de plus en plus complets… et rares. L'éclairage du cabinet de recrutement Robert Walters.

Au début des années 2000, les métiers de la conformité bancaire en étaient à leurs balbutiements en France. Alors que la fonction conformité prenait de l’ampleur au sein des organisations, les acteurs n’étaient pas encore associés aux enjeux majeurs. Il a fallu attendre 2008 et la crise des subprime pour que cette fonction change de dimension. Le développement d’un environnement normatif contraignant à l’échelle nationale et supranationale a mis au centre des préoccupations une question clé : comment mettre en œuvre la réglementation bancaire sans freiner l’activité et accompagner le développement de l’établissement ?

10 ans de mise en œuvre au sein des organisations

Face à l’obligation de respecter et de suivre les évolutions des normes imposées par les différents régulateurs (MIFID, PRIIPS, réglementations sur les benchmarks, contre les abus de marché…), les prestataires de services d’investissement, dont les banques et autres acteurs (Private Equity, Asset Managers), ont peu à peu renforcé leurs équipes conformité et risques en recrutant, selon les environnements et organisations, des RCCI (responsables conformité et contrôle interne), des RCSI (responsables de la conformité pour les services d'investissement), des responsables de la sécurité financière ou des responsables du contrôle… De fait, la spécialisation et la segmentation de ces métiers (notamment dans les banques) ont favorisé l’expertise et la montée en compétence des équipes. Depuis deux ans, ces fonctions devenues essentielles sont rattachées au Secrétariat général, voire à la Direction générale, positionnement qui correspond à la nécessité d’indépendance vis-à-vis des fonctions opérationnelles.

Profil du Compliance Officer d’aujourd’hui

Aujourd’hui, le Compliance Officer intervient non seulement pour prévenir des risques encourus aux regards des pratiques existantes, mais également pour accompagner les performances du métier dans un environnement de normes réglementaires évolutives. Aussi, des compétences nouvelles sont attendues de la part du candidat en conformité. Au-delà de son expertise technique, il doit savoir s’imposer face aux différents métiers et interlocuteurs avec lesquels il est en contact, qu’ils soient traders, vendeurs, seniors bankers ou encore gérants. Il doit également être capable de travailler en collaboration avec d’autres parties prenantes telles que le service juridique, les RH ou l’Audit. Lors du recrutement de ce type de profil, le cahier des charges intègre cette réalité . Sont également recherchés du leadership, un sens développé de la pédagogie et de la communication, une grande autonomie ainsi qu’une capacité a minima à s’inscrire et à travailler en mode projet. C’est en effet un métier dans lequel l’expérience (expertise réglementaire et connaissance de l’entreprise) et la capacité à appréhender les sujets de façon transversale peuvent offrir un vrai levier de performance.

Impact sur le recrutement

Cette tendance se traduit par un marché de candidats restreint, notamment sur les profils ayant 7 à 10 ans d’expérience, peu enclins au changement si le projet proposé n’est pas « qualitatif », aussi bien en termes de compétence que de ligne managériale. Conscients de leur attractivité, ces experts préféreront capitaliser sur leur expertise pour atteindre au sein de leur structure des postes d’envergure managériale plutôt que de faire le choix d’un poste d’expert, pouvant être plus rémunérateur, au sein d’autres structures, mais sans évolution en termes de carrière à court terme.

La conformité peut offrir, selon les profils, des passerelles vers d'autres lignes métiers : risque, juridique (pour les candidats issus de cette formation) ou audit. Certains candidats peuvent même changer d'environnement et de produits, en capitalisant sur une expérience en Asset Management pour se diriger vers la banque privée.

Des passerelles pour des candidats en poste au sein du régulateur/superviseur vers les acteurs privés (banques, assurances, private equity…) sont également possibles. Les profils venant de l’AMF sont en effet appréciés des clients pour des postes de Compliance Officer « regulatory », par exemple, ou de RCCI. À noter que ces candidats ne représentent pas la majorité des profils recrutés.

Comment identifier le candidat idéal ?

Les réponses à cette question cruciale seront différentes selon les environnements et le positionnement. Pour un poste d’encadrement, les soft skills seront autant mises en avant que les compétences techniques : pédagogie, faculté à diffuser la culture de la conformité, aptitude à encadrer des profils issus d’univers variés et/ou internationaux.

Un expert sera davantage apprécié sur son expérience et sa connaissance métier, un junior sur son évolutivité, sa capacité à monter en compétences et à prendre du recul sur sa formation académique.

Aujourd’hui, les banques sont prêtes à valoriser, en termes d’évolution et de salaires, les fonctions conformité pour des candidats capables d’appréhender l’ADN de la société et de se projeter dans un projet d’entreprise.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº814