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Prospective

Trois scénarios pour la banque de détail en 2025

Créé le

18.04.2016

-

Mis à jour le

29.04.2016

La branche banques-assurances de la CFDT a publié fin mars 2016 un rapport issu de ses travaux sur les « Évolutions du secteur financier » à horizon 2025. Synthèse des trois scénarios proposés.

Le scénario tendanciel

La France connaît une légère reprise économique, avec une flexibilité et une précarité accrues. Les modèles économiques sont révolutionnés par le digital. Le secteur financier est sous tension. Les consommateurs sont connectés, surinformés, volatils et de plus en plus protégés par la réglementation. Ils font appel à plusieurs prestataires pour leurs produits courants et souhaitent des réponses d’experts qui soient adaptées à leurs besoins. Le développement des achats via Internet atteint 50 % des ventes.

Les services de base sont entièrement digitalisés et automatisés. Les banques se concentrent, s’internationalisent et diminuent leur réseau de manière progressive. Les agences sont davantage concentrées sur certaines catégories de clientèle à valeur ajoutée et plus orientées vers le conseil.

Le traitement des opérations étant automatisé et sous-traité, les métiers sont spécialisés et centrés sur le client. Les métiers à bas niveau de qualification ont presque disparu. La hausse du niveau de formation entraîne un recul net de la formation continue. La diminution du réseau, l’externalisation et l’automatisation ont des conséquences sur les effectifs, qui sont amorties par le non-remplacement d’une partie des départs en retraite, lié à une pyramide des âges vieillissante. La transition est gérée de manière douce, avec toutefois peu d’embauches. Les effectifs comptent 60 % de cadres et 60 % de femmes, comme dans les deux autres scénarios.

Le scénario vert de croissance

La croissance revient, portée par la transition énergétique, mais le secteur financier reste sous tension, avec de nouveaux entrants qui prennent des parts de marché et une digitalisation massive. Les produits éthiques et collaboratifs attirent un tiers de la population, qui les cherche dans les banques mais aussi chez d’autres acteurs. Les autres consommateurs privilégient la simplicité et une offre bancaire globale auprès d’un acteur unique. Le secteur bénéficie de relais de croissance à travers les partenariats avec les GAFA et des coentreprises.

Les transactions s’effectuent à 80 % sur Internet. Le réseau physique est en diminution forte et rapide, et les salariés sont fortement impactés. Peu nombreuses, les agences sont situées dans les grandes villes et centrées sur le conseil, pour une clientèle restreinte et « haut de gamme ». Banques et assurances développent par ailleurs des points de vente multi-enseignes, comme dans le dernier scénario. Les banques se recentrent sur le cœur de leur métier, externalisent et délocalisent le reste et les tâches à faible valeur ajoutée. Elles standardisent et industrialisent la relation client via Internet et les plates-formes téléphoniques. Les effectifs diminuent très fortement, en particulier les très peu qualifiés. Les process sont normés et les conditions de travail détériorées.

Le scénario noir de crise

Ce scénario de rupture fait l’hypothèse d’une nouvelle crise économique mondiale qui fait adopter par l’Union européenne une politique davantage libérale avec un relâchement de la réglementation. Internet est désormais LE modèle, avec une tendance low cost.

Banques et assurances sont lourdement impactées par le numérique et 95 % de la distribution s’effectue en ligne. La relation client est standardisée via Internet et les plates-formes téléphoniques. L’offre de produits suit une logique low cost pour concurrencer les GAFA. Les clients sont prêts à faire quasiment toutes leurs opérations à distance et à payer pour deux ou trois rendez-vous avec expertise à des moments clés de leur parcours (crédit immobilier…). Ils ne restent fidèles aux acteurs traditionnels que pour certains services spécialisés comme la gestion de fortune.

Le réseau physique diminue fortement et rapidement. Seules quelques agences demeurent dans les grandes villes et offrent des produits personnalisés à une clientèle restreinte et « haut de gamme ». Les effectifs ont fortement diminué, car les banques se concentrent sur leur cœur de métier et externalisent le reste. L’hyperdigitalisation produit de lourdes conséquences sociales.

Le rapport complet : https://fbacfdt.files.wordpress.com/2016/03/cfdt_fba_rapport_prospective_interactif.pdf

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº796