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Éclairage historique

Quand les squeezes ou corners s’invitent dans le débat réglementaire

Créé le

09.02.2011

-

Mis à jour le

01.07.2012

Les squeezes (ou corners) sont des stratégies visant à créer une situation de déséquilibre entre l’offre et la demande sur un marché, dans le but d’influencer les cours. L’un des exemples historiques les plus fameux est la tentative de corner sur l’argent menée par les frères Hunt de 1973 à 1980, stoppée net par les régulateurs américains grâce à la mise en place d’astucieuses réformes réglementaires. Depuis, bien d’autres épisodes prêtant à la suspicion ont eu lieu sur ces marchés. En décembre, c’était le cuivre qui semblait faire l’objet d’un squeeze, avec le rachat de l’essentiel des stocks du London Metal Exchange par un seul acteur. Cet été, c’était le fonds britannique Armajaro et son cofondateur Anthony Ward, surnommé « Chocolate Finger », qui aurait tenté d’assécher le marché du cacao.

Mais au pays des traders en matières premières, il est difficile de démêler le vrai du faux. Ainsi selon un trader actif sur ces marchés, il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives et oublier que les acteurs sont surveillés : « Tout le marché était persuadé qu’Armajaro était en train d’organiser un corner. Puis, quand les cours se sont repliés, il s’attendait à ce que le fonds réalise de fortes pertes. Cela n’a pas été le cas et il a fini l’année avec des résultats stables, preuve que ces positions étaient prises en contrepartie de positions de gré à gré. Ce qui explique d’ailleurs que le régulateur britannique n’ait pas poursuivi Armajaro pour cette opération… » Ce type d’événements apporte en tout cas de l’eau au moulin des partisans des limites de position, à l’instar de l’ organisation internationale du cacao [1] qui assure que l’opération aurait été impossible sur le marché de New York, soumis à de telles limites ainsi qu’à des obligations de déclaration de positions.

De tels débats sont loin d’être nouveaux : dès les années 1950, des manipulations sur le marché de l’oignon menées par deux traders avaient conduit à l’interdiction des futures sur cette denrée. L’oignon est aujourd’hui encore la seule matière première sans produit dérivé sur le marché américain. Selon des études, elle serait également celle qui enregistrerait l’une des plus fortes volatilités depuis l’interdiction. C'est d'ailleurs un cas que les défenseurs des marchés financiers sur matières premières récupèrent bien volontiers dans leur argumentaire. S. L.

1 Selon un rapport de l’ICCO du 6 septembre 2010, « Functioning and transparency of the terminal market for cocoa », www.icco.org.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº734
Notes :
1 Selon un rapport de l’ICCO du 6 septembre 2010, « Functioning and transparency of the terminal market for cocoa », www.icco.org.