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« C’était peut-être le passage obligé »

Créé le

19.08.2011

Si quasi personne n’a vu venir la crise, les ouvrages qui sortent actuellement s’accordent à incriminer presque tout le monde : les banquiers imprudents, les traders cupides, les agences de notations, les investisseurs, les banquiers centraux, les régulateurs, les modélisateurs et mathématiciens de la finance, mais aussi les grands responsables en “-ismes” : capitalisme et libéralisme…

Les origines et effets de la crise

Tout d’abord, capitalisme et libéralisme sont cycliques par nature. La crise a démarré avec un cycle de crédit assez classique : grossissement de l’endettement, éclatement de la bulle, puis à nouveau essor de l’endettement. Mais ceci avait été précédé d’une forte innovation financière et de la politique monétaire laxiste d’Alan Greenspan, le président de la Réserve fédérale. C’est la concaténation de plusieurs cycles qui explique l’ampleur de cette crise.

La période actuelle est aussi révélatrice d’une crise de moralité : âpreté au gain, avidité de réussir rapidement, maximisation de ROE [1] de 15 à 30 %… Ceci a entraîné une prise de risque exagéré. Cette crise hors norme marque la mutation du capitalisme. La phase expansionniste de la globalisation est saturée. Nous entrons dans une nouvelle phase, c’est ce que l’économiste Joseph Schumpeter appelait les “mutations systémiques”.

L’hérésie de la théorie du découplage

Nous avons voulu croire trop longtemps que les subprime ne s’étendraient pas au reste du secteur financier, que la crise ne toucherait pas le secteur réel, qu’elle resterait localisée aux États-Unis sans toucher l’Europe et encore moins les pays émergents. Nous avons aussi résumé que la Chine sauverait le monde, alors qu’elle est en train de faire le plan de relance le plus massif de l’histoire. En réalité, aucun pays ni aucun secteur économique n’y échappent aujourd’hui, à deux exceptions près : l’alcool, dont la consommation progresse toujours en période de crise, et les dispositifs de sécurité, notamment les ventes d’armes personnelles.

Gérer l’après crise

Pour conserver une croissance durable, il faudra sans doute tirer des leçons beaucoup plus fondamentales que la simple intervention d’États aux abois pour éviter la crise du système.

Du reste, le développement de cette crise est “extraordinaire”. Certes, les conséquences humaines et sociales sont catastrophiques (épargnants ruinés, suppression d’emploi…). Mais c’était peut-être aussi le passage obligé pour mettre en place de nouveaux cadres, qui permettront d’assurer aux générations futures une croissance retrouvée.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº712