Développer la finance islamique pour Arab Bank depuis Londres
Europe Arab Bank a lancé son activité de finance islamique en 2006. Elle est une des rares banques arabes présente en Europe à avoir une équipe dédiée. Il s’agit de répondre à un marché de niche : le financement du commerce de matières premières et le placement d’une partie des capitaux du Moyen-Orient ayant fui l’immobilier de Dubaï au profit de celui du Royaume-Uni. Par ailleurs, notre maison mère Arab Bank a créé une banque islamique en Jordanie – l’Islamic International Arab Bank – et dispose d’une licence au Soudan.
Accompagner les entreprises occidentales
Il y a 12 à 18 mois, nous recevions beaucoup de demandes de renseignements de grandes entreprises européennes qui, n’étant plus financées par leurs banques conventionnelles, s’intéressaient à la finance islamique. General Electric est passé à l’acte en émettant 500 millions de dollars de sukuks. Mais aujourd’hui, la reprise est enclenchée et la plupart des demandes sont restées lettre morte. Du moins pour le moment, car les entreprises continuent de garder un œil sur cette option. Il peut s’agir de financer le développement d’une activité dans un pays étranger, comme ce fut le cas de Tesco en Malaisie. D’autres entreprises occidentales peuvent avoir besoin de transformer certains de leurs contrats pour les rendre conformes à la Charia : par exemple dans le cadre d’un appel d’offres pour un grand projet d’infrastructure ou immobilier, ou encore d’un crédit-bail accordé par un constructeur automobile ou de téléphonie mobile. Ce type d’activité est en cohérence avec la stratégie de Europe Arab Bank puisqu’elle consiste à accompagner des entreprises européennes dans leurs projets au Moyen-Orient.
5 à 10 % de l’activité
L’activité de finance islamique de Europe Arab Bank ne représente encore que 5 à 10 % des revenus de la banque, un chiffre en croissance. Actuellement, nous finançons entre 5 et 15 projets immobiliers par an, la plupart sur Londres. Nous rencontrons des entreprises européennes intéressées, dont une qui ira au terme de la démarche.
Les actifs conformes à la Charia s’élèvent à 150 millions euros, pour un niveau de dépôts équivalent. Nous devons toujours veiller à ce que les dépôts ne dépassent jamais les actifs. C’est une condition fixée par notre comité Charia qui vise à empêcher que les dépôts islamiques ne viennent financer des activités conventionnelles. Les grandes banques occidentales qui disposent d’une activité de trading de matières premières au comptant n’ont pas cette restriction pour leur fenêtre islamique. En effet, elles peuvent alors utiliser leur excédent de dépôts islamiques pour acheter et vendre des matières premières, car il s’agit d’actifs réels.