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Bitcoin, un exemple isolé ?

Créé le

12.12.2011

-

Mis à jour le

22.12.2011

Créée en 2008 en pleine crise de confiance dans les institutions financières, Bitcoin a pris son essor réel en 2010-début 2011, avant de connaître un passage à vide et de voir son avenir entaché des mêmes maux que les monnaies réelles, sans avoir pour l’instant de mécanisme de régulation équivalent.

De quoi s’agit-il ? D’une monnaie basée sur un système d’échange peer-to-peer entre les utilisateurs et de résolution de puzzles cryptographiques pour vérifier la validité des transactions et éviter que les bitcoins ne soient utilisés plusieurs fois simultanément. Pour utiliser cette monnaie, les internautes doivent télécharger le logiciel Bitcoin (http://bitcoin.org/) sur leur ordinateur (Windows, Mac ou Linux). Celui-ci sert à la fois de portefeuille/coffre-fort pour stocker ses bitcoins et de générateur d'impressions permettant d'en créer d’autres. Ce dispositif, appelé « minage », permet d’accroître la masse de bitcoins en circulation de façon quasi automatique,  sans à-coup ni intervention d’un organisme extérieur. À terme, 21 millions de bitcoins devraient circuler ; à l’heure actuelle, un tiers d’entre eux ont déjà été créés. Les utilisateurs peuvent ensuite régler leurs transactions en bitcoins en transférant la monnaie par mail vers l’adresse publique du portefeuille du destinataire. Les échanges sont sécurisés et les transactions signées. Des marchands en ligne (http://www.bitcoinworldmarket.com/default.aspx), des organisations comme Wikileaks (http://shop.wikileaks.org/donate#dbitcoin), mais également quelques commerces physiques (principalement situés à New York et dans la Silicon Valley californienne) acceptent les bitcoins comme devise. Le taux de change, après avoir longtemps stagné à 1 bitcoin pour quelques cents, a connu une envolée au printemps dernier : le bitcoin dépassa alors les 20 dollars, avant de se stabiliser à un ratio plus raisonnable.

Bitcoin étant devenu la première monnaie numérique à succès, non adossée à un gros organisme (réseau social, jeu massivement multijoueurs, banques, etc.), arrivèrent en nombre les spéculateurs et les criminels, attirés par l’anonymat supposé des transactions. Et certains défauts, que devait gommer l’absence d'organisme centralisateur, sont apparus. Certains utilisateurs ont acheté des ordinateurs ou du temps de calcul dans le cloud pour « miner » des bitcoins en masse et augmenter d’autant leurs portefeuilles. D’autres ont voulu profiter de la complexité technique du stockage des bitcoins (qui ne sont jamais à l’abri d’une défaillance du disque dur les contenant) pour proposer des coffres-forts en ligne, ou vendre des bitcoins, recréant ainsi les banques dans une économie virtuelle. Ayant eu un nombre suffisant de bitcoins en stock, certains sont partis à la cloche de bois, laissant leurs utilisateurs sur la paille. Les plus grosses ont attiré l’attention de pirates informatiques qui, en cassant les codes, ont réussi à faire quelques beaux braquages virtuels, mais également à prouver que Bitcoin n’était pas si anonyme que ça.

Faut-il en conclure que Bitcoin est un échec ? C’est ce que pensent certains adeptes de la première heure, comme l’Electronic Frontier Foundation (https://www.eff.org/), association de défense des libertés et droits des particuliers sur Internet, qui a discrètement refusé le bitcoin pour ses dons. Pour autant, l’économie créée autour de cette monnaie n’est pas encore morte, et cela reste tout de même la première monnaie de ce genre à sortir du cadre restreint des bidouilleurs informatiques fondus de problèmes cryptographiques. Espérons qu'une autre monnaie, avec un mode de régulation plus stable, saura prendre sa place sans générer les mêmes dérives.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº744