La question de l’attractivité des banques européennes reste intimement liée à la trajectoire des taux en Europe. Les secteurs financiers (banque et assurance) seront les grands bénéficiaires d’une remontée de taux graduelle par la BCE. La remontée des taux courts génère un supplément de rentabilité alors que la base de dépôts n’a en général pas subi les taux négatifs.
Les fondamentaux des banques sont en amélioration, mais pas exempts de toute fragilité. La solvabilité est en hausse, mais la marge de manœuvre par rapport aux exigences croissantes des régulateurs diminue. Ceci a un impact sur la capacité de payer dividendes et coupons. La liquidité est abondante, mais l’annonce de l’arrêt du Quantitative Easing amène à la prudence. Le comportement des dépôts en cas de remontée de taux reste incertain. La baisse des créances douteuses a été un facteur de soutien de la rentabilité. Si ce moteur reste actif dans les pays périphériques, le coût du risque en Europe du Nord, qui est sous la moyenne de cycle, devrait graduellement remonter. La vraie faiblesse du secteur reste sa rentabilité modeste, alors que la capacité de baisser davantage les coûts opérationnels est limitée et que la mise en place des exigences réglementaires (fonds de résolution, dettes MREL, mesures macroprudentielles) est coûteuse. La remontée des taux, qui pourrait améliorer cette rentabilité, reste donc au cœur de l’attractivité des banques.
La résurgence récurrente du risque politique attise une vulnérabilité. Le système bancaire européen reste une collection fragmentée de systèmes nationaux : la part de marché de banques étrangères dans chaque pays reste faible. Les banques restent des caisses de résonance naturelle en cas de crise souveraine, au travers de la détention importante d’obligations de leurs souverains ou du risque de
Enfin, l’attractivité des banques européennes peut se comparer à celles de leurs concurrentes américaines. Les inflexions à la dérégulation observées aux États-Unis interrogent. À ce stade, les changements annoncés sont dirigés vers les banques régionales. Car les grandes G-SIB restent contraintes par l’accord de Bâle III de décembre 2017, signé par le gouvernement Trump. Cet accord est intelligent, au sens où il permet de rouvrir le chantier des risques de marché tout en gardant les américains dans l’accord. La transposition de cet accord en droit européen est cruciale. Il ne faudrait pas que les nombreux efforts de lobbying en cours pour obtenir des arbitrages de dernière minute constituent un prétexte pour les Américains de sortir de l’accord global. Car ceci ouvrirait un risque de distorsion de concurrence important entre banques européennes et américaines, dont l’impact en termes d’attractivité pour les banques européennes serait hautement incertain.