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Crédits aux sociétés

Vers une reprise graduelle en 2016

Créé le

17.02.2016

-

Mis à jour le

26.02.2016

L’encours des crédits aux sociétés se redresse depuis plusieurs trimestres. En 2016, il devrait continuer à s’améliorer. Une nette accélération est en revanche peu probable, le besoin de financement des sociétés tendant à se réduire.

La croissance de l’encours de crédits aux sociétés non financières, quasi stagnante en 2013 (+0,2 % sur un an en décembre) et modeste en 2014 (+2,3 % en décembre), s’est redressée en 2015. Elle a atteint 3,4 % en juin et 4,1 % en décembre. Le rebond est marqué pour les crédits de trésorerie (+ 6,2 % sur un an en décembre). La hausse était encore plus forte en novembre : + 9,5 ​%, un rythme qui n’avait pas été observé depuis 2008. Le mouvement est plus graduel pour les crédits à l’investissement (+ 3,2 % en décembre). Le flux de nouveaux crédits accordés aux sociétés (en cumul sur douze mois), encore en baisse en 2014 (- 11,4 % sur un an en décembre) se redresse également (+ 30 % sur un an en décembre 2015).

Dans les enquêtes Banque de France, la demande de crédit reste toutefois jugée relativement modérée. Elle s’est affaiblie au premier semestre 2015, s’est redressée ensuite mais s’est un peu réduite en fin d’année, avec notamment de moindres besoins de financement en matière d’investissement, même si les perspectives restent bien orientées pour début 2016.

Le crédit aux sociétés devrait donc continuer à se redresser en 2016, mais graduellement, pour deux principales raisons. D’une part, l’environnement économique ne s’améliore que modestement. D’autre part, le besoin de financement des sociétés tend plutôt à se réduire.

Des forces contraires

L‘investissement des sociétés reste en reprise lente et modérée (+ 1,9 ​% en volume en 2015 après + 2,2 % en 2014). Des mesures de soutien ont pourtant été mises en place en faveur des sociétés : le crédit d’impôt CICE, les allégements d’impôts et de charges prévus dans le Pacte de responsabilité, l’amortissement exceptionnel de 40 %. De plus, la France bénéficie, comme l’ensemble de la zone euro, d’une série de facteurs favorables : la baisse marquée des prix pétroliers, le recul de l’euro, les taux d’intérêt très bas et le QE mis en place par la BCE. Mais l’investissement ne redémarre pas clairement pour l’instant. Les entreprises sont confrontées à la faiblesse relative de leurs débouchés, aux inquiétudes sur les pays émergents, à l’absence de tensions sur les capacités de production. Elles demeurent donc attentistes. L’investissement se redresserait un peu en 2016 (2,6 % en volume). En revanche, le mouvement de restockage a été marqué en 2015 et se maintiendrait en 2016. D’où une reprise des dépenses des sociétés de 4 % environ par an en valeur.

Dans le même temps, les taux de marge et les profits se redressent plus rapidement, du fait des mesures de soutien mises en place, du recul des prix énergétiques et du très bas niveau des taux d’intérêt. Le CICE notamment monte peu à peu en puissance. Les profits non distribués ont ainsi rebondi d’environ 17 % en 2015 et s’accroîtraient de 7 % en 2016.

Le besoin de financement des sociétés non financières est défini comme la différence entre les profits non distribués et les dépenses d’investissement et de stocks. Il se réduirait à 35 milliards par an en 2015 et en 2016, contre 50 milliards en 2014, la hausse des profits étant plus forte que celle des dépenses.

Par ailleurs, le recours au financement de marché, notamment obligataire, est moins marqué. L’encours des émissions de titres de marché était en hausse de 5,1 % sur un an en décembre 2015, contre près de 10 % fin 2014, et a progressé moins vite que le crédit bancaire pendant plusieurs mois. Ceci s’explique en partie par une convergence des coûts de financement entre titres de marché et crédits. L’écart n’est que de 0,4 % en moyenne entre juin et décembre (taux de 1,5 % pour les titres et 1,9 % pour le crédit). Il atteignait 0,9 % en moyenne en 2014.

Au total, le mouvement de reprise graduelle du crédit aux sociétés se confirmerait en 2016, malgré un moindre besoin de financement, et du fait d’un moindre recours aux titres de marché. L’encours progresserait de 4,5 % fin 2016 après 4,1 % fin 2015.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº794