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Gestion collective

Le retour de la volatilité

Créé le

14.05.2012

-

Mis à jour le

10.09.2012

Avec 764 milliards d’euros, la gestion collective voit ses encours sous gestion progresser de 35 milliards d’euros sur les quatre premiers mois de l’année 2012. Toujours dans les étiages les plus bas, les encours restent en dessous de leur niveau de 2008. La variation – de l’ordre de 35 milliards d’euros – est imputable à la croissance des encours des fonds de trésorerie. À l’exception des fonds d’obligations, qui enregistrent une légère croissance de 1,6 milliard, toutes les autres classes d’actifs font l’objet de rachats, en dépit de performances positives sur le début de l’année. Ces résultats traduisent la nervosité des investisseurs qui arbitrent de plus en plus rapidement et de manière massive à la moindre alerte sur les marchés.

La zone euro boudée

Sur le mois d’avril, les fonds d’actions enregistrent, concomitamment à l’impact négatif des marchés (-4,4 milliards d’euros) des rachats de 2,8 milliards. En cumulé, ce sont presque 6 milliards d’euros qui ont fui depuis le début de l’année. Les arbitrages restent favorables aux marchés émergents. À l’inverse, les fonds d’actions françaises et européennes sont boudés, expliquant à eux seuls la baisse des encours sur cette classe d’actifs.

Vers un changement de cycle ?

La crise de 2008 marque la récession la plus forte et la plus longue que nous ayons connue depuis les années 1930. Il aura fallu attendre 4 ans pour voir le PIB des États-Unis revenir à son niveau d’avant la récession.  La crise de 2008 se distingue également par des changements profonds dans la régulation économique des pays développés. Elle marque probablement la fin d’une période de  « grande modération » entamée au milieu des années 1980. Entre 1980 et 2007, la volatilité macroéconomique [1] est tombée à son plus bas niveau depuis la Seconde Guerre mondiale. Depuis 2008, on assiste à une remontée de la volatilité. Nouveau régime ou période transitoire ? Il est trop tôt pour conclure. Certains facteurs explicatifs de la grande modération sont toujours présents (stocks mieux gérés, mondialisation…), mais d’autres sont moins efficaces que par le passé.

Pour les banques, la régulation post-crise renforce le caractère procyclique du « deleveraging ». Sur le plan monétaire, la « sortie » des politiques quantitatives sera délicate à gérer afin d’éviter de tomber en récession avec une remontée des taux trop rapide. Au niveau budgétaire, les marges de manœuvre sont très limitées. Comme on le voit, la politique économique ne sera plus en mesure, si nécessaire, de lisser les fluctuations conjoncturelles. On peut donc imaginer une remontée de la volatilité au sein des économies développées. Elle s’accompagne aux États-Unis d’une remontée encore plus rapide des profits dans la valeur ajoutée. Si cette hausse de la volatilité est pour partie structurelle, la conséquence en est son retour sur les marchés d’actions. Pour la gestion active, cela serait plutôt une bonne nouvelle, car le mode de croissance antérieur ne permettait pas réellement aux gérants de faire la différence avec les fonds indiciels. Un contexte plus chahuté mettra en avant les gérants qui sauront détecter les opportunités et bien gérer les retournements. L’enjeu est de l’expliquer aux investisseurs, qui n’ont pas forcément compris qu’il s’agissait là de la nouvelle donne.

1 Variation du niveau des prix et de la croissance économique.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº749
Notes :
1 Variation du niveau des prix et de la croissance économique.
RB