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Économie

États-Unis : la récession laisse des traces durables

Créé le

22.07.2011

-

Mis à jour le

29.08.2011

La vision traditionnelle du cycle est remise en cause par la spécificité de la récession, venue non pas d’une politique visant à enrayer une surchauffe, mais de l’éclatement d’une bulle immobilière nourrie par un endettement excessif engendrant plusieurs vents contraires. Cela a conduit le consensus à réviser à la baisse son anticipation de croissance aux États-Unis. La chute de la richesse n’a été que partiellement corrigée par le rebond de la Bourse, les prix immobiliers ayant retrouvé leur orientation à la baisse une fois les mesures en faveur des primo-accédants arrivées à leur terme. Les ménages affectés par le niveau du chômage continuent à donner la priorité à la consolidation de leur situation financière en se désendettant. En dépit du redressement de la capacité à accéder à la propriété grâce à des taux bas et à la chute des prix, le secteur immobilier reste sinistré. Les salaires réels ont été amputés par la hausse du cours des matières premières. Seule une politique budgétaire expansionniste difficilement extrapolable, à base d’allégements fiscaux et de transferts, a permis de soutenir le revenu disponible.

Par-delà ces aspects conjoncturels, la crise a laissé des traces durables pour la croissance potentielle. Le chômage structurel a augmenté bien plus fortement avec la récession récente qu’à l’issue de celle du début des années 1980, pourtant d’ampleur comparable : le chômage de longue durée dépasse 40% du chômage total, contre 25 % à l’époque. La croissance des années 2000 s’est accompagnée de distorsions : l’emploi a progressé de 12,7 % dans la construction et de 6,7 % dans la finance de 2001 à 2007 (contre 3,1 % pour l’ensemble du secteur privé), avant de baisser de respectivement 28,1 % et 8,3 %. Le secteur manufacturier, avec ses forts gains de productivité, crée peu d’emplois, les effectifs dans les hautes technologies stagnent depuis le milieu des années 2000 ; dans les services, ​l’éducation et la santé sont structurellement créateurs d’emplois (encore faut-il compter avec la perspective de consolidation budgétaire), mais il paraît difficile d’envisager le reclassement des travailleurs de la construction dans ces activités. Les distorsions apparues dans les années 2000, accompagnées de fortes hausses des prix immobiliers et des plus-values, ne réapparaîtront pas et l’on ne pourra compter sur elles pour contribuer aux recettes publiques autant que par le passé.

 

Achevé de rédiger le 22 juillet 2011

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº739