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Tourmente boursière : des banques inaudibles ?

Créé le

23.02.2016

-

Mis à jour le

26.02.2016

Investisseur bancaire échaudé craint le pétrole bon marché. C’est du moins ce que laisse penser la lourde chute boursière des valeurs bancaires européennes depuis le début de l’année : l’indice SX7R, qui permet de les suivre, a ainsi perdu jusqu’à 25 % de son niveau depuis janvier. Cette baisse peut être expliquée par un éventail de causes sous-jacentes, déjà connues, du ralentissement chinois aux menaces de Brexit en passant par les taux négatifs ; mais ce sont les tensions accrues sur le secteur Oil & Gaz qui ont spécifiquement attiré l’attention des investisseurs. Chacune des banques a été poussée à un exercice de pédagogie sur son exposition, principalement à des entités investment grade et au trade finance à court terme pour les établissements français. Mais les investisseurs sont difficiles à convaincre. « Entre 2000 et 2008, les marchés voyaient les banques comme des blue chips insubmersibles et ils se trompaient ; aujourd’hui, elles sont encore perçues comme des boîtes noires, vulnérables au moindre risque, alors qu’elles ont perdu leur rôle central dans la transformation et l’intermédiation des risques, souligne David Benamou chez Axiom AI. Les expositions non performantes américaines et européennes étaient à 67 % sur les bilans bancaires en 2004, contre seulement 26 % en 2014, mais les investisseurs continuent d’avoir le sentiment que le risque est porté par le système bancaire. » Le flot de réglementations nouvelles qu’a connu le secteur, et en particulier le doublement du niveau des fonds propres, n’a-t-il donc pas suffi à rassurer les marchés ? « Les exercices de stress-tests et de revue de la qualité des actifs n’ont pas convaincu les marchés et le secteur a besoin d’une vraie crise pour montrer qu’il s’est réformé. Celle d’Oil & Gaz n’en est qu’à ses débuts, il y aura des défauts et des dégradations du crédit. Cela va être un moment de vérité pour le secteur bancaire », analyse David Benamou. « Les banques se comportent plus comme des utilities : leur appétit au risque a baissé et elles peuvent désormais distribuer la moitié de leur résultat sous forme de dividendes, car leur digue de fonds propres est désormais opérationnelle. Mais les interrogations du marché demeurent : le régulateur ne semble pas en avoir fini, entre le TLAC et la revue du trading et du banking book, et les investisseurs s’aperçoivent que, même si c’est la direction prise, les BFI ne sont pas encore intégralement “asset light” et qu’elles portent encore de grosses expositions sur leurs bilans », nuance Jean-Baptiste Bellon de Trapeza Conseil. Le chemin vers le retour de la confiance est encore long.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº794
RB