Cocorico ! Les EuroPP français viennent de servir de modèle aux placements privés pan-européens (PEPP). Un guide, dont la rédaction a été coordonnée par l’
Une pédagogie nécessaire
Mais à l’épreuve de la réalité, cet engagement semble s’étioler : « Dans un contexte de liquidité abondante, la compétition entre les arrangeurs tend à tirer les conditions juridiques des émissions vers le bas, ce qui pourrait les décorréler du risque de crédit pris par les investisseurs », s’inquiète Antoine Maspétiol, chez Aviva Investors France. Négocier de meilleures conditions serait ainsi un moyen pour les arrangeurs de décrocher des mandats auprès des émetteurs alors que la demande de crédit reste faible. Ce marché naissant a besoin de pédagogie, s’accordent à dire les promoteurs de l’EuroPP. Habitués à une relation bancaire multifacette allant souvent bien au-delà du crédit, les émetteurs doivent donner leur confiance à des investisseurs dont ils peuvent redouter la réaction en cas de difficultés financières. « Il faut aujourd’hui compter 6 à 9 mois pour monter une première émission EuroPP avec un émetteur ; c’est normal, car il faut laisser le temps à la confiance de s’installer et montrer que l’on n’est pas là pour “faire un coup” », reconnaît Anne Courrier. Les investisseurs doivent ainsi expliquer les spécificités de leur modèle, très différent de celui des banques. « Les clauses de remboursement par anticipation sont compliquées pour nous assureurs car elles déséquilibrent notre gestion actif-passif. Ce n’est pas un caprice de notre part », explique ainsi Emmanuelle Nasse-Bridier chez Axa. Bien gérer ces points de friction est indispensable à la longue vie de l’EuroPP. « Si l’on abîme ce marché, c’est la collectivité qui sera impactée. L’autodiscipline est un défi, met en garde Jean Boissinot du Trésor. L’approche “hands off” du régulateur ne pourrait sinon pas continuer. » En facilitant les échanges entre parties prenantes et en créant des éléments de comparaison, la rédaction de guides communs comme celui de l’ICMA va dans le bon sens.