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Brexit

Épreuve de vérité pour la Place financière de Paris

Créé le

22.01.2021

À l’occasion de leurs vœux 2021 à la Place financière, le gouverneur de la Banque de France et le président de l’AMF ont rappelé que tout, ou presque, restait à faire.

Depuis le 1er janvier, le Royaume-Uni a perdu son passeport financier et son accès au marché unique. L’accord arraché le 24 décembre 2020 entre le Royaume-Uni et l’Union européenne ne dit mot du secteur financier. Certains, à Paris, Luxembourg ou Francfort veulent y voir une chance. Mais, loin de tout triomphalisme, les vœux 2021 à la Place financière du gouverneur de la Banque de France et du président de l’Autorité des marchés financiers – en visioconférence, comme il se doit cette année – ont été l’occasion de rappeler que tout, ou presque, restait à faire.

Renforcer les infrastructures de marchés

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s’est sobrement félicité de voir que « la continuité des activités financières est aujourd’hui heureusement assurée », tout en rappelant les chiffres : près de 2 500 emplois ont d’ores et déjà été transférés en France à fin 2020, et une cinquantaine d’entités britanniques autorisées pour au moins 170 milliards d’euros d’actifs relocalisés. Il a surtout voulu rappeler que le Brexit imposait maintenant de développer notre autonomie financière européenne. « Il faut renforcer nos infrastructures de marchés, singulièrement sur la compensation des instruments de taux, avec les atouts de Paris. Et une véritable “Union de financement” doit nous permettre de mieux mobiliser l’excédent d’épargne européenne – près de 220 milliards d’euros – au profit de l’investissement productif. C’est maintenant, ou sinon, ce ne sera jamais, que nous devons saisir la double opportunité du Brexit et de la reconstruction pour faire l’Union des marchés de capitaux. »

Atténuer les fragmentations intra-européennes

Robert Ophèle, président de l'Autorité des Marchés Financiers, a quant à lui évoqué « l'épreuve de vérité » qu’allait constituer l’année 2021, alors que le Royaume-Uni est désormais un « pays tiers », « avec très peu d’équivalences dans les domaines qui sont les nôtres » : « Saurons-nous faire émerger les marchés liquides et profonds avec des acteurs et des infrastructures de taille mondiale ? C'est tout à fait possible. Mais il faudra se montrer déterminés et pragmatiques. » Le patron de l’AMF compte par exemple œuvrer dans le sens d’une simplification et d’une homogénéisation des réglementations européennes, notamment Mifid 2 (Markets in Financial Instruments Directive), AIFM (Alternative Investment Fund Manager), CSDR (Central Securities Depositories Regulation), EMIR (European Market Infrastructure Regulation) ainsi que les textes relatifs à la finance digitale et à la finance durable. « De nombreux textes réglementaires en cours de revue ou d'élaboration au niveau de l'Union sont des occasions de supprimer, ou tout le moins atténuer, les fragmentations intra-européennes, et de renforcer ainsi l'efficacité de nos marchés financiers, a souligné Robert Ophèle. Je souhaite que cette occasion historique ne soit pas gâchée par le jeu des intérêts nationaux de court terme. » Des évolutions réglementaires qui pourraient trouver leur aboutissement au premier semestre 2022, lors de la présidence française de l'Union. G.D.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº853