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Bilans bancaires : des dettes souveraines encombrantes

Créé le

24.11.2011

-

Mis à jour le

29.11.2011

En imposant aux banques européennes la constitution de coussins prudentiels pour faire face au risque spécifique de la dette souveraine, l’Europe a-t-elle ouvert une boîte de Pandore ? Pour satisfaire un ratio de fonds propres à 9 % en juin 2012, comme fixé par l’accord du 27 octobre, les établissements européens ont en effet l’option de réduire leur exposition aux dettes des États fragilisés. La tendance est d’ores et déjà enclenchée : depuis juin, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole – pour ne citer que les françaises – ont délesté leur portefeuille bancaire de plus de 16 milliards d’euros de titres souverains des GIIPE (Grèce, Irlande, Italie, Portugal et Espagne), la banque de la rue d’Antin représentant les trois quarts de ce chiffre. Les expositions sur l’Italie, par exemple, ont été réduites d’une dizaine de milliards d’euros. Une situation que l’Union européenne voudrait bien entendu éviter : « les autorités nationales de surveillance doivent veiller à ce que les plans mis en œuvre […] n’aboutissent pas à un désendettement excessif », soulignait la déclaration finale du sommet du 27 octobre, ajoutant qu’il fallait éviter une pression « injustifiée » sur les marchés souverains. Jusqu’à quel point ces cessions sont « justifiées » reste flou. Quel niveau atteindraient-elles si la BCE – probablement l’un des seuls acheteurs de dettes italienne et espagnole à l’heure actuelle – se lançait dans une politique de rachat massif ? « Les banques sont face à deux options : soit elles vendent tout de suite l’intégralité de leur dette et poussent les pays fragiles vers le défaut ; soit elles les conservent et attendent un défaut de ces États qui sera inéluctable si aucune grande décision politique n’est prise », analyse Gaël Giraud, de l’École d’économie de Paris. Le renforcement de la solidité des banques face au risque souverain ne sera dans tous les cas pas indolore pour les pays à risque.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº742