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Menace inflationniste

Le sentiment d’augmentation des prix s’intensifie

Créé le

13.07.2022

Placé au cœur des débats de la campagne présidentielle, le pouvoir d’achat est devenu la principale préoccupation des Français. Et pour cause. Leur porte-monnaie se dégarnit sous l’effet d’une inflation en hausse depuis 2021 et exacerbée par la flambée des prix énergétiques et des matières premières causée par la guerre en Ukraine. Un environnement qui affecte autant les ménages que les entreprises. En février, l’INSEE a publié une production, dans l’ensemble de l’industrie, en baisse de 0,9 % par rapport à janvier, soit une chute de 4,6 % par rapport à février 2020. En mars, le climat des affaires a subi une chute de 6 points à 107, restant, certes, au-dessus des 100. Dans l’industrie, il perd 6 points à 106, contre un recul de 3 points à 109 pour les services. Dans ce contexte, les prix à la consommation ont bondi, en première estimation, de 4,5% après +3,6 % en février. Jusqu’à présent, la capacité de consommation des Français s’est néanmoins stabilisée, voire renforcée malgré la crise sanitaire.

Selon l’INSEE, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages par unité de consommation a rebondi de 0,7 % au quatrième trimestre 2021 (après -0,1%) et a augmenté de 1,9 % sur l’année (après +0,0 % en 2020). Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), au cours des trente dernières années, il « a crû en moyenne de 0,95 % par an pour un gain réel moyen de l’ordre de 300 euros » et de « 0,9 % par an en moyenne » pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron. Dans une étude récente, le Conseil d’analyse économique (CAE) explique, sur la base d’un échantillon, que « le surcroît d’épargne, provoqué par la chute de la consommation pendant la crise sanitaire et des revenus globalement protégés a augmenté de manière continue jusqu’à l’automne 2021 » et « par rapport à une tendance précrise, il serait [...] de l’ordre de 6 % du stock d’épargne brute des ménages ».

Aujourd’hui, les soutiens publics (prime inflation, chèque énergie, bouclier tarifaire, chèques-cadeaux) ne semblent pas suffire à contenir le choc inflationniste. Ce qui exacerbe les craintes, comme l’illustrent
la chute de 6 points à 91 de l’indice de confiance des ménages en mars ou encore le baromètre d’Artémis Courtage, qui relève que 55 % des Français sont pessimistes sur leur situation économique (+4 points depuis septembre 2021), un record depuis novembre 2020.

Au niveau européen, l’Observatoire Cetelem souligne dans son baromètre 2022 « la fulgurante croissance du sentiment d’augmentation des prix », avec « un Européen sur deux convaincu que les prix ont nettement augmenté » (+25 points par rapport à 2019) et ajoute que « 46 % des Roumains et des Hongrois accusent cette baisse de pouvoir d’achat [...] Les Français, quant à eux, maintiennent une perception négative avec 40 % ».

D’ailleurs, l’inflation en zone euro a atteint 7,5 % en mars, après 5,9 % en février. « Principale raison du fort taux d’inflation », les prix de l’énergie « sont aujourd’hui supérieurs de 45 % à leur niveau d’il y a un an » indiquait la BCE lors de son statu quo du 14 avril. L’inflation sous-jacente dépasse ces derniers mois l’objectif de 2 % à moyen terme de la Banque Centrale Européenne. De quoi lui mettre la pression sur ses taux.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº868