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Matières premières
énergétiques et marchés

Créé le

19.07.2022

-

Mis à jour le

25.07.2022

La formation du prix des énergies, le rôle des marchés de gros, la volatilité de ces deux dernières années, les imperfections éventuelles et les évolutions possibles pour valoriser les matières premières, le contexte de transition propre à lutter contre le réchauffement climatique, la responsabilité des différents intervenants en matière de durabilité... Le thème de ce supplément de Revue Banque, en partenariat avec l’Amafi, a été choisi le 17 février.

Deux semaines auparavant, la Commission européenne avait présenté un acte délégué complémentaire relatif aux objectifs climatiques de la Taxonomie en vue de couvrir certaines activités des secteurs de l’électricité, du gaz et du nucléaire. Les réactions n’ont pas tardé, des ONG comme du secteur financier. « Les critères proposés pour le gaz et l’énergie nucléaire sont susceptibles d’affaiblir la crédibilité et la mise en œuvre de la Taxonomie, a déclaré Margarita Pirovska, directrice des politiques des Principles for Responsible Investment – PRI (4 000 signataires, 121 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion). L’ajout du gaz et du nucléaire a provoqué un clivage entre les décideurs politiques et les acteurs du marché. Nous sommes confrontés à une fracture d’exécution, entre les investisseurs qui incluront ces critères et ceux qui resteront attachés à l’intention initiale de l’instrument, avec une mise en œuvre plus stricte du principe de la Taxonomie. »

L’énergie comme une arme

Une semaine plus tard, tout a basculé. « J’ai décidé de lancer une opération militaire spéciale », a annoncé Vladimir Poutine à la télévision. Le 24 février 2022, le président russe a fait un long discours et ses troupes ont attaqué l’Ukraine. Certains ont employé le terme de « Troisième Guerre mondiale ».

Fin février, l’Union européenne (UE) a déclaré son soutien à l’Ukraine. Elle a mis en œuvre et renforcé encore ses sanctions financières envers la Russie. Les industriels et autres parties prenantes se sont adaptés au plus vite : ils expliquent comment dans les colonnes de ce supplément de Revue Banque. La Russie a utilisé le pétrole et le gaz comme moyens de pression.

« Cette crise géopolitique a renforcé l’urgence d’accélérer la transition énergétique, estime Stéphane Boujnah, directeur général d’Euronext (lire pages 17-19). À cette urgence climatique s’ajoute un impératif stratégique exprimé clairement par les pays de l’Union européenne pour se défaire de la dépendance russe. » La guerre va-t-elle effectivement accélérer la mise en œuvre du Pacte vert de l’UE ? La question reste en suspens. « La crise pourrait ouvrir sur une plus grande acceptabilité des efforts de sobriété : jusqu’alors, de tels efforts sont souvent apparus comme une limitation des libertés », avance Patrice Geoffron, professeur d’économie & directeur du Centre de géopolitique de l’énergie et matières premières (lire pages 9-11). Pour autant, le rôle du secteur financier reste majeur. Le corpus réglementaire l’y incite.

Le Green Deal européen prévoyait de porter la part des énergies renouvelables à au moins 40 % du mix énergétique d’ici 2030. Afin d’éclairer le choix des investisseurs, des obligations d’information spécifique aux entreprises des secteurs du gaz et du nucléaire devraient s’appliquer à partir du 1er janvier 2023, après la période d’examen du dernier acte délégué complémentaire par le Conseil et le Parlement européens.

L’attitude de la Russie révèle un point majeur : « Les matières premières peuvent être utilisées comme armes », pointe Stéphane Giordano (lire pages 5-8). Le président de l’Association française des marchés financiers (Amafi) ne fait pas seulement référence à l’énergie. L’alimentation, à son tour, est devenue une arme.

Deux semaines auparavant, la Commission européenne avait présenté un acte délégué complémentaire relatif aux objectifs climatiques de la Taxonomie en vue de couvrir certaines activités des secteurs de l’électricité, du gaz et du nucléaire. Les réactions n’ont pas tardé, des ONG comme du secteur financier. « Les critères proposés pour le gaz et l’énergie nucléaire sont susceptibles d’affaiblir la crédibilité et la mise en œuvre de la Taxonomie, a déclaré Margarita Pirovska, directrice des politiques des Principles for Responsible Investment – PRI (4 000 signataires, 121 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion). L’ajout du gaz et du nucléaire a provoqué un clivage entre les décideurs politiques et les acteurs du marché. Nous sommes confrontés à une fracture d’exécution, entre les investisseurs qui incluront ces critères et ceux qui resteront attachés à l’intention initiale de l’instrument, avec une mise en œuvre plus stricte du principe de la Taxonomie. »

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº869bis
RB