Épargne retraite : la France manque d'un produit simple capable de susciter l'adhésion de tous

La retraite ? Tout le monde en parle et s'en pr&eacute;occupe, en France mais aussi en Europe. Dans le but de prendre le pouls des Europ&eacute;ens et de comprendre leurs besoins financiers et leurs comportements en termes d&rsquo;investissement, BlackRock a demand&eacute; &agrave; l'institut de sondage Yougov de mener, en septembre 2012, une enqu&ecirc;te [1] aupr&egrave;s de 11 000 personnes &acirc;g&eacute;es de 25 &agrave; 75 ans dans six pays du Vieux Continent : Grande-Bretagne, Allemagne, France, Italie, Pays-Bas et Suisse. Les r&eacute;sultats en disent long sur leur fa&ccedil;on d'aborder le sujet et les solutions qu'ils envisagent. Tout d'abord, tout le monde a bien conscience des difficult&eacute;s &agrave; venir : 68 % des Europ&eacute;ens (84 % des Fran&ccedil;ais) sont ainsi pessimistes sur les perspectives &eacute;conomiques. Ils sont tout aussi inquiets que r&eacute;alistes puisqu'ils ne comptent pas sur l'&Eacute;tat pour les aider &agrave; atteindre leurs objectifs financiers. En effet, la moiti&eacute; des Fran&ccedil;ais interrog&eacute;s font confiance &agrave; leurs familles et amis pour les aider &agrave; satisfaire ses objectifs financiers. L&rsquo;immobilisme des Fran&ccedil;ais Dans ce contexte de crainte exacerb&eacute;e, les personnes interrog&eacute;es se montrent particuli&egrave;rement allergiques &agrave; toute prise de risque, limitant leur &eacute;pargne &agrave; des livrets d'&eacute;pargne ou des comptes bancaires r&eacute;mun&eacute;r&eacute;s. Une &eacute;pargne de court terme et liquide qui les rassure dans ce climat d'incertitude &eacute;conomique. 52 % des Fran&ccedil;ais interrog&eacute;s reconnaissent m&ecirc;me qu'ils n'&eacute;pargnent pas pour leur retraite et n'envisagent pas de le faire. Il faut dire qu'ils sont de plus en plus nombreux &agrave; reconna&icirc;tre qu'ils &eacute;prouvent des difficult&eacute;s &agrave; se constituer une &eacute;pargne retraite, n'excluant pas de travailler plus longtemps et de d&eacute;penser moins pour s'en sortir. En France, l&rsquo;&eacute;cart entre le revenu moyen annuel esp&eacute;r&eacute; par les futurs retrait&eacute;s et ce &agrave; quoi ils auront vraiment droit est d'ailleurs &eacute;norme : s'ils esp&egrave;rent une rente annuelle de 29 000 euros, celle-ci ne devrait pas d&eacute;passer en effet 14 600 euros [2] . Ce constat alarmant ne pousse pourtant pas les populations &agrave; se prendre en main, m&ecirc;me si elles ont bien compris qu'il ne faudra rien attendre de l'&Eacute;tat providence. Cet immobilisme pourrait toutefois &eacute;voluer si le l&eacute;gislateur envisageait de cr&eacute;er de nouveaux produits d'&eacute;pargne. Parmi les Fran&ccedil;ais interrog&eacute;s, 42 % citent ainsi les all&eacute;gements fiscaux comme outils souhait&eacute;s pour financer leur &eacute;pargne retraite. Les enseignements en termes d&rsquo;&eacute;pargne retraite Face &agrave; cette d&eacute;fiance g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e, &agrave; une esp&eacute;rance de vie nettement plus longue pour les hommes et les femmes, &agrave; des gouvernements toujours plus pauvres, quelles d&eacute;cisions doivent &ecirc;tre prises par les &eacute;pargnants pour couvrir leurs futurs besoins financiers ? Il est primordial de donner toute sa force au temps. C'est en forgeant une strat&eacute;gie sur une tr&egrave;s longue p&eacute;riode qu'elle a quasiment toutes les chances d'&ecirc;tre gagnante. De la sorte, il est indispensable de s'y prendre le plus t&ocirc;t possible, m&ecirc;me en &eacute;pargnant de petites sommes d'argent chaque mois : sur la base d'une contribution mensuelle de 300 euros, les personnes ayant commenc&eacute; d&egrave;s maintenant &agrave; r&eacute;aliser cet effort financier peuvent compter sur une valeur finale hypoth&eacute;tique de leur portefeuille de 44 175 euros dans 10 ans. Celles qui s'y prendraient 5 ans plus tard n'auraient que 19 890 euros. Et que dire sur une p&eacute;riode de 40 ans ? La premi&egrave;re cat&eacute;gorie totaliserait 354 588 euros quand la seconde ne r&eacute;cup&eacute;rerait pas plus de 274 119 euros. Autre ma&icirc;tre mot pour se constituer d'un capital retraite satisfaisant : la diversification. S&rsquo;il est judicieux de d&eacute;tenir une part de son capital sous forme de liquidit&eacute;s, pour subvenir aux al&eacute;as de la vie, il est encore plus souhaitable de diversifier son &eacute;pargne &agrave; travers diff&eacute;rentes classes d&rsquo;actifs. Certes, les march&eacute;s actions ont fait beaucoup parler d&rsquo;eux ces derni&egrave;res ann&eacute;es, mais sur une p&eacute;riode de 25 ans, les actions sont la classe d&rsquo;actifs ayant g&eacute;n&eacute;r&eacute; la meilleure performance, par rapport aux obligations et au mon&eacute;taire. Contrairement &agrave; ce que d'aucuns pourraient penser, se positionner sur de belles entreprises rentables g&eacute;n&egrave;re moins de risque que celui d&rsquo;investir exclusivement sur des placements court terme, dont les esp&eacute;rances de rendement s'av&eacute;reront bien d&eacute;cevantes apr&egrave;s prise en compte de l'inflation. Quelles solutions pr&eacute;coniser ? Inquiets, mal inform&eacute;s, conscients toutefois que l'on ne peut compter que sur soi pour pr&eacute;parer sa retraite, les &eacute;pargnants ne savent comment s'y prendre, ni quel v&eacute;hicule privil&eacute;gier, m&ecirc;me si les diff&eacute;rentes enveloppes ne manquent pas. Avec toutefois cette particularit&eacute; commune : elles ne satisfont jamais toutes les exigences des futurs retrait&eacute;s : l'assurance vie est essentiellement constitu&eacute;e de fonds en euro reposant sur des produits n'offrant pas tous les imp&eacute;ratifs de transparence, ni d&rsquo;esp&eacute;rance de rendement r&eacute;gulier ; le PEA [3] est tr&egrave;s sp&eacute;cialis&eacute; et ne permet pas une diversification des classes d'actifs ; d'autres outils ne supposent que des sorties en rente, pas toujours appr&eacute;ci&eacute;es des personnes soucieuses de se constituer une &eacute;pargne relativement liquide. Face &agrave; cette offre finalement peu satisfaisante et assez compliqu&eacute;e, force est de constater que la France manque d'un produit simple et capable de susciter l'adh&eacute;sion de tous. Pourquoi ne pas r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; transcrire en droit fran&ccedil;ais un outil qui a d&eacute;j&agrave; fait ses preuves, comme le r&eacute;gime enregistr&eacute; d&rsquo;&eacute;pargne retraite appliqu&eacute; au Canada depuis 1950 ? Le principe de ce v&eacute;hicule est simple : le souscripteur verse des montants r&eacute;guliers sur un compte &eacute;pargne, compte qui peut &ecirc;tre parall&egrave;lement abond&eacute; par son employeur. Les fonds peuvent &ecirc;tre, en fonction des besoins &eacute;conomiques, enti&egrave;rement r&eacute;investis dans des entreprises locales ou internationales. Ce compte est bloqu&eacute; jusqu'&agrave; ce que son souscripteur parte &agrave; la retraite. Ainsi il peut avoir une dur&eacute;e de vie de 30 &agrave; 35 ans, voire plus selon le pays d&rsquo;origine, par rapport &agrave; la date d'ouverture. Le souscripteur n&rsquo;aura pay&eacute; aucun imp&ocirc;t pendant toute la p&eacute;riode de capitalisation tant sur les int&eacute;r&ecirc;ts que sur le capital, b&eacute;n&eacute;ficiant ainsi de la magie des int&eacute;r&ecirc;ts compos&eacute;s. Lors du d&eacute;bouclage du compte, il ne sera fiscalis&eacute; qu&rsquo;au fur et &agrave; mesure de ses sorties. Ce v&eacute;hicule est totalement transparent et permet &agrave; son d&eacute;tenteur de se constituer une &eacute;pargne diversifi&eacute;e, au rythme des fonds dans lesquels il a plac&eacute; r&eacute;guli&egrave;rement ses &eacute;conomies. Avec certes quelques contraintes, comme un plafond de versements (de 22 000 dollars par an et par personne en 2012 au Canada). Le souscripteur doit aussi r&eacute;sider dans le pays o&ugrave; il a ouvert le compte. Le r&eacute;gime enregistr&eacute; d'&eacute;pargne retraite offre toutefois une incomparable souplesse de fonctionnement tout en favorisant le financement du tissu &eacute;conomique local, et ce sur une tr&egrave;s longue dur&eacute;e. Une d&eacute;cision politique forte Un tel outil pourrait donc se r&eacute;v&eacute;ler une solution pour la France et plus largement pour d&rsquo;autres pays europ&eacute;ens, solution qui n&eacute;cessite, il est vrai, une d&eacute;cision politique forte &agrave; l'heure o&ugrave; le financement des retraites pose de r&eacute;elles difficult&eacute;s financi&egrave;res. Mais les prestataires de services financiers et les m&eacute;dias doivent &eacute;galement conjuguer leurs efforts pour aider les consommateurs &agrave; accro&icirc;tre leurs connaissances financi&egrave;res. Si nous n&rsquo;incitons pas les jeunes actifs &agrave; &eacute;pargner et investir d&egrave;s &agrave; pr&eacute;sent pour leur retraite, ils pourraient disposer d&rsquo;une &eacute;pargne retraite encore plus insuffisante que leurs a&icirc;n&eacute;s. Apr&egrave;s tout, pr&eacute;parer son avenir n&rsquo;attend pas. 1 BlackRock Investor Horizons Survey. 2 Source : statistiques INSEE. 3 Plan d'&eacute;pargne en actions.

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