Le Trade Finance est connu pour être une activité consommatrice de papier. Pour le vendeur et l’acheteur à l’autre bout du monde, l’intermédiation des banques s’est imposée pour sécuriser le commerce international, accorder des délais de paiement et offrir des financements. Afin de justifier la transaction commerciale sous-jacente et de déclencher le paiement, ces instruments bancaires se sont appuyés, dès le Moyen Âge, sur des documents financiers, comme la lettre de change (lettera di pagamento à partir du XIIe siècle) et le connaissement maritime (à partir du XIVe siècle). Ces deux documents sont toujours les piliers de la chaîne documentaire du commerce international (80 % du flux de marchandises sont transportés par voie maritime) mais ne sont plus seuls. Au fur et à mesure du développement des échanges mondiaux de marchandises, de l’arrivée de nouveaux moyens de transport et des réglementations nationales et internationales, des dizaines de documents (facture, lettre de transport aérien, documents douaniers, certificats d’assurance, certificats d’inspection et de contrôle…) sont venus compléter cette chaîne documentaire originale.
Trade Finance, parent pauvre de la technologie
Ces documents forment le « socle » des produits de Trade Finance comme les encaissements documentaires et le crédit documentaire, mais aussi l’ensemble des techniques associées permettant le financement des transactions client-fournisseur en open
C’est à cette époque que fut créée la société Bolero, plate-forme multi-banque spécialisée dans les transactions de Trade Finance à destination des banques et des
Vers une dématérialisation des documents
Indépendamment des regroupements et/ou des délocalisations des back-offices Trade Finance, les banques ont cherché à gagner en productivité dans ces métiers en utilisant des systèmes de reconnaissance visuelle de type OCR (Optical Character Recognition). Ces équipements permettent l’extraction automatique des données afin de réduire les risques opérationnels et d’augmenter les capacités de traitement de vérification des documents. Parmi les banques en pointe, nous pouvons citer Citibank qui a commencé à déployer cette technologie dès
Néanmoins, la spécificité de certains documents (connaissement maritime notamment) rend difficile une optimisation de la vérification documentaire. C’est la raison pour laquelle les enjeux de la technologie dans ces métiers sont de dématérialiser intégralement la chaîne documentaire afin qu’elle soit reconnue, authentifiée et vérifiée automatiquement sans intervention humaine. C’est parce que la banque a les « bons » documents entre les mains qu’elle va se faire une « opinion » sur l’authenticité de la transaction et sera amenée à la payer ou à la financer. Le nombre élevé de documents (format, caractère spécifique) et l’hétérogénéité des participants à l’écosystème du commerce international (acteurs des filières transport et logistique, assureurs, banques, régulateurs…) représentent un casse-tête à l’échelon mondial pour établir, aujourd’hui, une norme qui puisse satisfaire tout le monde.
D’où le foisonnement de projets FinTech, dans le domaine du Trade Finance, qui occupent le terrain en partenariat ou non avec des banques : Bolero, acteur historique avec lequel HSBC India vient de réaliser sa première présentation dématérialisée de documents dans le cadre d’un crédit
De leur côté, les banques se sont regroupées en 2015 à travers le consortium R3 afin de développer des projets liés à la
Le BPO, futur du Trade Finance ?
Le Bank Payment Obligation
Les FinTechs : concurrents ou « coopétiteurs » ?
La sphère de la FinTech découvre avec le Trade Finance un univers jusqu’alors peu exploré :
- Conformité des opérations ou RegTech : mise en place d’outils informatiques afin de chercher, trier et synthétiser plus rapidement et efficacement les données dans le Big Data dont l’objectif est de satisfaire aux exigences réglementaires et de conserver la fluidité des process de traitement des opérations documentaires et de mise en place des financements (exemple de l’émergence des KYC utilities) ;
- Suivi des marchandises : le recours aux technologies des objets connectés ou Internet of Things (IOT) va permettre à la banque mais également aux acteurs de l’écosystème de la transaction de pouvoir suivre, en temps réel, l’emplacement de la marchandise, son poids et son taux d’humidité s’il s’agit de commodities par
exemple ;[12] - Information et intégration des données : c’est un marché qui est occupé de plus en plus par les grands éditeurs de logiciel (Misys, Sopra…) mais aussi par certains indépendants comme Finelia, spécialisée dans les offres de Trade Finance à destination des entreprises ;
- Plates-formes de financement : si les banques ont développé leur plate-forme de traitement (HSBC, BNP Paribas…), des initiatives FinTech émergent dans le domaine du Supply Chain Finance comme les sociétés Taulia, GT Nexus, Kyriba…
Demain, le banquier du Trade Finance, connecté à son smartphone, suivra de son bureau, la bonne progression des marchandises qu’il finance, validera les autorisations qui auront été authentifiées par les systèmes blockchain. Les exportateurs iront se connecter sur des sites spécialisés dans le financement de leur Supply Chain. Demain, c’est déjà maintenant !