« Le Climate Finance Day a joué un rôle de déclic »

Quelles conclusions tirez-vous du Climate Finance Day organis&eacute; &agrave; l&rsquo;Unesco le 22 mai dernier ? Selon les participants, cette manifestation a jou&eacute; le r&ocirc;le de d&eacute;clic pour montrer que le secteur financier &eacute;tait d&eacute;j&agrave; engag&eacute; de mani&egrave;re significative sur le dossier de la transition &eacute;nerg&eacute;tique et sur celui de la finance durable, et que de nouvelles avanc&eacute;es seraient faites de mani&egrave;re rapide, y compris en vue de la CoP 21. Elle s&rsquo;est inscrite dans la continuit&eacute; du sommet de New York, qui s&rsquo;&eacute;tait tenu en septembre 2014 sous la houlette des Nations Unies. &Agrave; cette occasion, plusieurs investisseurs s&rsquo;&eacute;taient engag&eacute;s, au travers du Montreal Carbone Pledge [1] , &agrave; produire des donn&eacute;es chiffr&eacute;es d&rsquo;ici la fin de l&rsquo;ann&eacute;e. Quels sont les principaux engagements faits &agrave; Paris ? Ils concernent essentiellement la r&eacute;orientation des actifs des portefeuilles des investisseurs vers des entreprises et/ou projets qui participent &agrave; la lutte contre le r&eacute;chauffement climatique et notamment la &laquo; d&eacute;carbonation &raquo;. Les grands fonds de pension mondiaux ou les g&eacute;rants d&rsquo;actifs, y compris en France, d&eacute;j&agrave; engag&eacute;s acc&eacute;l&egrave;rent cette strat&eacute;gie qui consiste &agrave; s&eacute;lectionner leurs investissements vers des secteurs qui ont pris en compte la r&eacute;duction de leur empreinte carbone. Il y a quelques semaines, le fonds de pension norv&eacute;gien a par exemple annonc&eacute; son retrait de secteurs industriels, notamment les compagnies mini&egrave;res ou entreprises d&rsquo;&eacute;nergie qui tirent plus de 30 % de leur chiffre d&rsquo;affaires du charbon. Qu&rsquo;en est-il du secteur de l&rsquo;assurance ? Des annonces ont &eacute;t&eacute; faites, notamment par Axa. Henri de Castries envisage une nouvelle strat&eacute;gie pour l&rsquo;ensemble des fonds g&eacute;r&eacute;s par l&rsquo;assureur qui vise au retrait des compagnies les plus expos&eacute;es aux activit&eacute;s li&eacute;es au charbon, soit plus de 500 millions d&rsquo;euros et &agrave; l&rsquo;introduction de crit&egrave;res ESG (environnement, social et gouvernance), dans l&rsquo;ensemble de ses portefeuilles &laquo; fonds g&eacute;n&eacute;raux &raquo;. Axa va &eacute;galement consacrer plus de 3 milliards d&rsquo;euros d&rsquo;ici &agrave; 2020, soit un triplement de ses volumes, &agrave; des investissements verts. Globalement, le secteur de l&rsquo;assurance est engag&eacute; dans l&rsquo;analyse des risques pour les entreprises qui sont expos&eacute;es &agrave; des empreintes carbone &eacute;lev&eacute;es et qui n&rsquo;œuvrent pas suffisamment en faveur du climat, y compris d&rsquo;ailleurs pour permettre d&rsquo;offrir des instruments de couverture, mais surtout analyser et voir comment tenir compte dans leurs appr&eacute;ciations de ces caract&eacute;ristiques. La r&eacute;assurance est &eacute;galement engag&eacute;e &agrave; tirer les cons&eacute;quences en mati&egrave;re d&rsquo;instruments de couverture pour les soci&eacute;t&eacute;s d&rsquo;assurance engag&eacute;es dans les entreprises en question. Et celui des banques ? Le secteur bancaire est &eacute;galement actif, &agrave; travers la participation de plusieurs &eacute;tablissements, notamment nos quatre grandes banques fran&ccedil;aises, qui ont fix&eacute; un certain nombre d&rsquo;objectifs pour orienter leurs investissements en fonction des crit&egrave;res ESG. Cr&eacute;dit Agricole et Natexis ont, en outre, annonc&eacute; depuis ces derni&egrave;res semaines leur engagement de cesser leurs financements de mines de charbon et exploitants sp&eacute;cialis&eacute;s dans ces activit&eacute;s. BNP Paribas et Soci&eacute;t&eacute; G&eacute;n&eacute;rale d&eacute;veloppent une analyse plus pouss&eacute;e des impacts positifs et n&eacute;gatifs sur l&rsquo;environnement de leurs portefeuilles d&rsquo;engagements. Certains fonds d&rsquo;investissements sp&eacute;cialis&eacute;s ont, en outre, &eacute;t&eacute; lanc&eacute;s. Par exemple, celui d&rsquo;Amundi EDF en janvier : 150 millions d&rsquo;euros seront investis dans des entreprises qui concourent &agrave; l&rsquo;&eacute;conomie durable, notamment &agrave; la lutte contre le r&eacute;chauffement climatique. Comment Paris EuroPlace compte-t-il orchestrer ces actions ? Au cours du Climate Finance Day , Paris Europlace, avec l&rsquo;ensemble des f&eacute;d&eacute;rations professionnelles concern&eacute;es, a lanc&eacute; une d&eacute;claration &laquo; de Place &raquo; indiquant une strat&eacute;gie engageant les diff&eacute;rents m&eacute;tiers de la Place financi&egrave;re, en vue d&rsquo;acc&eacute;l&eacute;rer les actions dans ce domaine. Parmi nos priorit&eacute;s figure l&rsquo;intensification du dialogue entre le secteur financier, les entreprises et les pouvoirs publics en vue de pr&eacute;parer la CoP 21, ce qui est une premi&egrave;re. Dans la m&ecirc;me veine, l&rsquo;UNEP FI [2] , qui est le programme environnement des Nations Unies pour la partie finance, a lanc&eacute;, &agrave; cette occasion, deux plates-formes au travers desquelles investisseurs et assureurs font part de leurs engagements. Celles-ci vont rassembler les informations et permettre d&rsquo;organiser les &eacute;changes entre les acteurs. Croyez-vous au d&eacute;veloppement du march&eacute; des obligations vertes ? Oui, nous pensons que le march&eacute; va se d&eacute;velopper, y compris en Chine o&ugrave; nous sommes tr&egrave;s actifs et o&ugrave; le march&eacute; obligataire est en expansion. Sur ce segment, la Place de Paris a pris une position leader , avec plus de 10 milliards d&rsquo;encours d&eacute;but 2015, et le lancement de diverses &eacute;missions, dont celle d&rsquo;Engie, ou des collectivit&eacute;s locales, comme la r&eacute;gion Ile-de-France. Des initiatives fleurissent ici et l&agrave;. Ainsi, Mirova, la filiale investissement responsable de Natixis AM, vient de cr&eacute;er un fonds greenbonds d&eacute;di&eacute;. O&ugrave; en sont les n&eacute;gociations sur le prix du carbone ? &Agrave; l&rsquo;occasion du Climate Finance Day , G&eacute;rard Mestrallet (pr&eacute;sident de Paris Europlace) a soulign&eacute; que la fixation d&rsquo;un prix du carbone &eacute;tait une priorit&eacute; essentielle. Nous pensons qu&rsquo;il est urgent que les pouvoirs publics, au niveau europ&eacute;en, se saisissent du dossier et de la fixation d&rsquo;un prix qui puisse &agrave; la fois permettre d&rsquo;orienter les acteurs industriels et financiers et faciliter les transactions. &Ecirc;tes-vous confiant sur cette issue et de mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale sur celle de la CoP 21 ? &Agrave; tout le moins, une vraie dynamique se met clairement en place. La visite de son Premier Ministre a &eacute;t&eacute; l&rsquo;occasion pour la Chine de marquer un engagement important en affichant un objectif &agrave; 2050 significatif. Et les grandes entreprises, fran&ccedil;aises, internationales, y compris les investisseurs, prennent d&eacute;sormais r&eacute;ellement conscience des risques et des co&ucirc;ts politiques, industriels, sociaux qu&rsquo;elles encourent si elles ne font rien et si l'on ne respecte pas l&rsquo;objectif de r&eacute;duire le r&eacute;chauffement &agrave; 2 degr&eacute;s. Cette prise de conscience est-elle vraiment nouvelle ? Oui, elle est plus forte et plus affirm&eacute;e qu&rsquo;avant. Car ce sont avant tout la rentabilit&eacute; des investissements et la prise en compte des facteurs de risque, et non de simples motifs g&eacute;n&eacute;reux et altruistes, qui portent cette dynamique forte et p&eacute;renne. La finance fran&ccedil;aise est-elle, selon vous, &agrave; la pointe sur la question de la transition &eacute;nerg&eacute;tique ? Je dirais qu&rsquo;elle est bien positionn&eacute;e. Je ne pense pas qu&rsquo;il faille mettre des superlatifs : la finance britannique est &eacute;galement bien pr&eacute;sente, la chinoise aussi&hellip; Disons qu&rsquo;elle acc&eacute;l&egrave;re sa d&eacute;marche gr&acirc;ce, notamment, &agrave; l&rsquo;action de Paris Europlace, qui est tr&egrave;s pr&eacute;sent sur ces sujets depuis le d&eacute;but des ann&eacute;es 2000. Quels rapports entretenez-vous avec les ONG qui pointent du doigt le retard du secteur ? Nous avons des contacts avec elles : WWF, Carbon Tracker, qui est sp&eacute;cialis&eacute;e sur le risque carbone des investissements et promeut un mod&egrave;le financier et &eacute;conomique bas-carbone, et Leapfrog &eacute;taient pr&eacute;sentes dans les tables rondes. Nous les &eacute;coutons, mais nous prenons aussi en compte les contraintes industrielles des entreprises. Nous d&eacute;fendons une d&eacute;marche progressive dans les objectifs et non pas l&rsquo;imposition de nouvelles contraintes r&eacute;glementaires, qui aboutirait &agrave; freiner le mouvement et &agrave; p&eacute;naliser les entreprises dans la comp&eacute;tition mondiale. Selon nous, la d&eacute;marche doit &ecirc;tre men&eacute;e par les entreprises elles-m&ecirc;mes, avec de vrais objectifs concrets et chiffr&eacute;s. Et cette d&eacute;marche ne peut &ecirc;tre qu&rsquo;europ&eacute;enne et internationale. 1 Les investisseurs signataires du Montreal Carbone Pledge s&rsquo;engagent &agrave; mesurer et publier annuellement l'empreinte carbone de leurs portefeuilles. 2 United Nations Environment Programme Finance Initiative.

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