Taux négatifs, croissance atone, volatilité des marchés, fragilité de quelques grandes banques européennes, crise du système bancaire italien, réglementation croissante… les temps sont rudes pour les banques européennes, sans compter les conséquences du Brexit, dont les impacts restent incertains.
Coup dur pour les banques britanniques…
C’est attendu, dans l’hypothèse où le Royaume-Uni n’a pas négocié d’accords bilatéraux avec des États membres, les banques basées au Royaume-Uni ne devraient plus bénéficier, deux ans après avoir actionné l’article 50 du traité sur l’Union européenne (UE), du régime de « passeport européen » qui permet à toute banque basée dans un pays de l’Union et répondant aux règles prudentielles de son État, d’exercer, en application du principe de reconnaissance mutuelle des agréments bancaires, l’ensemble de
Elles ne devraient par ailleurs plus pouvoir tirer avantage de l’allégement de règles prudentielles comme la fongibilité de capital ou de liquidité via la mise en place de succursales. A contrario, elles devraient, pour maintenir leurs activités dans l’UE, implanter a minima une filiale dans l’un des États membres et se conformer aux directives et règlements européens. Projet qui peut prendre plusieurs années.
…et pour les gestionnaires d'actifs
Les fonds de gestion
Enfin, l’application
Vers une transformation des modèles économiques
Ainsi, le Brexit devrait engendrer, pour les banques continentales européennes actives au Royaume-Uni et les banques britanniques, une accélération de la transformation de leurs modèles économiques : réallocations de portefeuilles, relocalisations, recherches de nouvelles économies d'échelle, hausse des coûts de financement des filiales britanniques pour les grands groupes continentaux et complexification de la gestion de la liquidité et du capital, tout ceci dans un contexte de volatilité accrue des marchés. En tenant compte des effets du Brexit sur la croissance économique, Goldman Sachs a même évalué le manque à gagner pour toutes les banques européennes à 32 milliards d'euros entre 2016 et 2018 et à 10 milliards d'euros pour les seules banques britanniques. Ce vote historique pourrait par ailleurs être source d’opportunités pour les autres places financières de l’UE, alternatives logiques aux investissements internationaux pour accéder au marché européen, ne serait-ce que par l’application stricto sensu des réglementations à date.
Une fenêtre d’opportunités à saisir
Pour autant, ces impacts pourraient bien être à relativiser. Tout d’abord, le Royaume-Uni dépend moins de l’UE pour son commerce extérieur que la France ou l’Allemagne : la part de l’Union dans les exportations de biens du Royaume a connu une tendance nettement baissière depuis
- une banque centrale indépendante et active avec sa politique monétaire expansionniste et, par voie de conséquence, la dépréciation de la livre Sterling et ses effets sur la compétitivité de l’économie britannique ;
- une banque centrale attentive à l’intérêt de ses banques nationales par une application « allégée » des règles du Comité de Bâle relatives aux exigences en fonds propres, la Bank of England s’étant engagée à maintenir le niveau des coussins contracycliques à 0 % des actifs pondérés du risque (RWA) au moins jusqu’à
juin 2017 ;[6] - une politique fiscale attractive pour les entreprises avec l’annonce par le Chancelier de l’Échiquier d’une baisse
à 15 % du taux d’imposition des profits des entreprises ;[7] - une politique fiscale « arrangeante » pour les personnes physiques, en vue de maintenir l’attractivité de la Place de Londres pour les « cerveaux ».
Une intégration pragmatique du Brexit
À très court terme, l'économie britannique semble afficher une bonne santé et jusqu'à présent, le vote pour le Brexit ne parvient pas à affecter les indicateurs économiques officiels. Les dernières
L'optimisme gagne également les investisseurs, puisque l'indice vedette de la Bourse de Londres (FTSE 100) a fortement accéléré depuis le début du mois d'août, principalement porté, il est vrai, par le nouveau dispositif dévoilé par la Banque d'Angleterre. Celle-ci, qui a baissé ses taux (elle a réduit son taux directeur de 25 points de base pour le ramener de 0,50 à 0,25 %) et injecte davantage de liquidités dans le système financier, pourrait également être bientôt épaulée par le gouvernement britannique qui envisage des mesures de relance pour l'automne.
Ainsi, alors que les conséquences économiques réelles du Brexit sont encore incertaines, il faudra sans nul doute parier sur le pragmatisme britannique pour tirer parti tant des deux années de transition que de son rôle et de ses ambitions au niveau international (Commonwealth, investissements internationaux) et créer un nouvel écosystème économique qui, à terme, deviendra largement favorable à ses agents économiques.
Reste à espérer que l’Union européenne saura également tirer les leçons de cette décision historique pour engager de profondes réformes structurelles, tant économiques que politiques, et permettre ainsi à leurs agents économiques de tirer pleinement profit de ces nouveaux équilibres. To be continued…