Bpifrance, un maillon essentiel entre marchés financiers et entreprises

Les mesures de confinement mises en place en r&eacute;ponse &agrave; la pand&eacute;mie de Covid-19 ont conduit &agrave; une chute brutale de l&rsquo;activit&eacute; &eacute;conomique dont l&rsquo;ampleur et la rapidit&eacute; exc&egrave;dent toutes les r&eacute;cessions intervenues depuis la Seconde Guerre mondiale. La crise de la Covid-19 : un choc in&eacute;dit sur l&rsquo;&eacute;conomie, des r&eacute;ponses historiques des Pouvoirs publics Ce choc, fortement diff&eacute;renci&eacute; selon les secteurs, est in&eacute;dit par sa nature, &agrave; la fois d&rsquo;offre et de demande, puisqu&rsquo;il affecte conjointement, l&rsquo;offre de biens et services, en lien avec le ralentissement d&rsquo;activit&eacute; impos&eacute; &agrave; nombre d&rsquo;entreprises par les mesures de prophylaxie, et la demande, avec un repli marqu&eacute; de la consommation &agrave; tr&egrave;s court terme et les cons&eacute;quences &agrave; moyen terme du choc sur le revenu des m&eacute;nages. Pour endiguer les effets du choc &eacute;conomique, les autorit&eacute;s publiques ont rapidement d&eacute;ploy&eacute; un vaste arsenal de mesures d&rsquo;urgence (budg&eacute;taires, mon&eacute;taires et prudentielles), visant prioritairement &agrave; prot&eacute;ger les revenus des m&eacute;nages et la tr&eacute;sorerie des entreprises afin de pr&eacute;server le potentiel de production et d&rsquo;assurer les conditions d&rsquo;un red&eacute;marrage rapide de l&rsquo;&eacute;conomie &agrave; l&rsquo;issue de la crise sanitaire. Du c&ocirc;t&eacute; des m&eacute;nages, l&rsquo;impact sur le march&eacute; du travail des chutes d&rsquo;activit&eacute; a &eacute;t&eacute; amorti gr&acirc;ce aux dispositifs d&rsquo;urgence (ch&ocirc;mage partiel, fonds de solidarit&eacute; pour les ind&eacute;pendants, aide exceptionnelle aux familles les plus modestes) et par un recours accru au t&eacute;l&eacute;travail. Il en est r&eacute;sult&eacute; une hausse mod&eacute;r&eacute;e du taux de ch&ocirc;mage en Europe et un quasi-maintien du revenu des salari&eacute;s. Cette protection efficace des revenus dans une situation de d&eacute;penses contraintes pendant le confinement a conduit &agrave; une hausse du taux d&rsquo;&eacute;pargne, qui a atteint 24 % au premier semestre contre 15 % en moyenne en 2019. &Agrave; fin juin, cette &eacute;pargne contrainte additionnelle s&rsquo;&eacute;l&egrave;ve &agrave; 62 milliards en France [1] , mais masque des situations tr&egrave;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes au sein de la population. Un enjeu de la politique &eacute;conomique est que cette &eacute;pargne forc&eacute;e ne se transforme pas en &eacute;pargne de pr&eacute;caution, mais soit un facteur de soutien &agrave; la reprise &agrave; travers la consommation et sa mobilisation vers le financement de la relance. Les entreprises face &agrave; un double risque &agrave; terme Du c&ocirc;t&eacute; des entreprises, les Pouvoirs publics ont mis en œuvre des dispositifs de soutien ayant pour but de soulager la tr&eacute;sorerie (reports de cotisations, pr&ecirc;t garanti par l&rsquo;&Eacute;tat) et les co&ucirc;ts (activit&eacute; partielle, fonds de solidarit&eacute;, exon&eacute;ration de cotisations sociales). Pour pallier leurs besoins de tr&eacute;sorerie, les PME ont ainsi massivement mobilis&eacute; les dispositifs de soutien public : 90 % des PME ont eu recours &agrave; au moins un dispositif, 74 % &agrave; au moins deux et 49 % &agrave; au moins trois dispositifs [2] . Le pr&ecirc;t garanti par l&rsquo;&Eacute;tat (PGE), commercialis&eacute; par les banques et dont Bpifrance op&egrave;re la garantie a ainsi &eacute;t&eacute; d&eacute;ploy&eacute; rapidement et massivement, puisqu&rsquo;&agrave; fin juin, soit moins de trois mois apr&egrave;s son lancement, pr&egrave;s de 540 000 entreprises pour un montant de 94 Md&euro; en avaient d&eacute;j&agrave; b&eacute;n&eacute;fici&eacute;, touchant 475 000 TPE et pr&egrave;s de 30 000 PME. &Agrave; court terme, ces mesures ont permis d&rsquo;am&eacute;liorer la liquidit&eacute; des entreprises et semblent avoir bien assur&eacute; leur objectif de p&eacute;rennisation face au choc d&rsquo;activit&eacute;. &Agrave; moyen et long et termes cependant, les entreprises fran&ccedil;aises font face &agrave; un double risque : macro&eacute;conomique d&rsquo;une part, pesant sur leur perspective de demande, et financier d&rsquo;autre part, pesant sur leur solvabilit&eacute;. Car au total, ce sont pr&egrave;s de 150 milliards de dettes bancaires et fiscales que les entreprises ont accumul&eacute;s depuis le d&eacute;but du confinement, repr&eacute;sentant environ 25 % de la valeur ajout&eacute;e annuelle des TPE et PME. Et si une grande majorit&eacute; des liquidit&eacute;s issues des PGE n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; consomm&eacute;e mais utilis&eacute;e comme r&eacute;serve de pr&eacute;caution (un tiers des PME b&eacute;n&eacute;ficiaires d&eacute;clarent ne pas y avoir encore touch&eacute;), l&rsquo;ampleur du choc reste malheureusement incertaine et sa r&eacute;sorption conditionn&eacute;e par le rythme de la reprise de l&rsquo;activit&eacute; &eacute;conomique, en particulier pour les entreprises d&eacute;j&agrave; fragiles en entr&eacute;e de crise ou bien &eacute;voluant dans les secteurs les plus durement touch&eacute;s. Le secteur financier : un facteur de r&eacute;silience qui participe plus de la solution que du probl&egrave;me &Agrave; rebours des grandes crises &eacute;conomiques r&eacute;centes, un trait marquant de ce d&eacute;but de crise est la robustesse des march&eacute;s financiers et de l&rsquo;interm&eacute;diation financi&egrave;re qui ont &eacute;t&eacute; un facteur de stabilit&eacute; dans un environnement de forte incertitude pour l&rsquo;&eacute;conomie r&eacute;elle. En effet, depuis la forte correction boursi&egrave;re intervenue en f&eacute;vrier-mars en r&eacute;action &agrave; l&rsquo;ampleur du choc initial, et une p&eacute;riode de tension sur les conditions d&rsquo;&eacute;mission de dettes durant les premi&egrave;res semaines, les march&eacute;s financiers ont fonctionn&eacute; de fa&ccedil;on satisfaisante avec des niveaux de volatilit&eacute; et de hausse des spreads de cr&eacute;dit globalement contenus. Trois facteurs principaux ont contribu&eacute; &agrave; cette r&eacute;silience. D&rsquo;une part, les pouvoirs publics &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle internationale ont pris des mesures budg&eacute;taires exceptionnelles qui ont stabilis&eacute; les march&eacute;s et rassur&eacute; les investisseurs. D&rsquo;autre part, l&rsquo;assouplissement des politiques mon&eacute;taires et la grande r&eacute;activit&eacute; des principales banques centrales ont permis de r&eacute;duire les tensions sur les march&eacute;s de capitaux et notamment sur celui de la dette des entreprises. En zone euro, la Banque centrale europ&eacute;enne (BCE) a adopt&eacute; un nouveau programme d&rsquo;achats de titres publics et priv&eacute;s (Pandemic Emergency Purchase Programme &ndash; PEPP) visant &agrave; maintenir des conditions de financement favorables dans l&rsquo;ensemble de la zone. En compl&eacute;ment, les programmes d&rsquo;injection de liquidit&eacute;s (LTRO et TLTRO) et l&rsquo;assouplissement des conditions de refinancement des banques commerciales aupr&egrave;s de l&rsquo;Eurosyst&egrave;me ont permis le maintien de leur capacit&eacute; de pr&ecirc;t &agrave; l&rsquo;&eacute;conomie r&eacute;elle. Enfin, les banques fran&ccedil;aises ont abord&eacute; la crise dans une situation financi&egrave;re (niveau des fonds propres, situation de liquidit&eacute;) nettement plus solide qu&rsquo;en 2007-2008, tirant les b&eacute;n&eacute;fices des r&eacute;formes engag&eacute;es dans le cadre international depuis 2009 et dans le contexte europ&eacute;en &agrave; la suite de la crise de la zone euro. Cette solidit&eacute;, coupl&eacute;e &agrave; l&rsquo;intervention de la BCE et de la Banque de France, leur a permis jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent d&rsquo;&ecirc;tre un acteur cl&eacute; de la solution &ndash; et non une origine du probl&egrave;me. Avec, sur le terrain, une &eacute;coute proactive des acteurs &eacute;conomiques, elles ont diffus&eacute; de la confiance, et font face efficacement au besoin de financement suppl&eacute;mentaire de l&rsquo;&eacute;conomie. &Agrave; ce stade de la crise, les march&eacute;s financiers, appuy&eacute;s par les banques centrales, ont donc bien fonctionn&eacute; et ont en quelque sorte permis la transmission de la politique mon&eacute;taire [3] . Mais en dehors des grandes entreprises et des banques qui ont un acc&egrave;s ais&eacute; aux instruments de march&eacute;, l&rsquo;interm&eacute;diation par les r&eacute;seaux bancaires de proximit&eacute; reste la pierre angulaire du financement des TPE-PME-ETI du fait des avantages qu&rsquo;il procure (efficacit&eacute; co&ucirc;t, maillage du territoire, connaissance intime des entreprises). L&rsquo;action de Bpifrance s&rsquo;inscrit dans cette perspective. Bpifrance &agrave; la manœuvre Bpifrance cherche de mani&egrave;re syst&eacute;matique &agrave; f&eacute;d&eacute;rer les interventions priv&eacute;es, au premier plan desquelles celles des banques, au b&eacute;n&eacute;fice des entreprises. Pour son activit&eacute; de financement des investissements et du cycle d&rsquo;exploitation, Bpifrance l&egrave;ve des ressources en proc&eacute;dant principalement &agrave; des &eacute;missions obligataires de moyen et long termes, &agrave; des refinancements interbancaires &agrave; court terme et &agrave; des op&eacute;rations de refinancement aupr&egrave;s de la BCE. Forte de sa connaissance profonde des segments TPE-PME-ETI, de son expertise financi&egrave;re et de son fonctionnement en partenariat avec l&rsquo;ensemble des banques commerciales, Bpifrance joue ainsi le r&ocirc;le de courroie de transmission entre les march&eacute;s financiers et la politique mon&eacute;taire d&rsquo;une part et les besoins de financement des entreprises d&rsquo;autre part. Face &agrave; l&rsquo;enjeu de l&rsquo;investissement et de la transformation de l&rsquo;&eacute;conomie fran&ccedil;aise dans le cadre du plan de relance, ce r&ocirc;le de tiers de confiance permet &agrave; Bpifrance de drainer l&rsquo;&eacute;pargne financi&egrave;re g&eacute;r&eacute;e par les investisseurs institutionnels vers le financement de l&rsquo;investissement du tissu productif. Environ 390 investisseurs dans plus de 40 pays font aujourd&rsquo;hui confiance &agrave; Bpifrance. Fin avril, au plus fort de la crise, Bpifrance a ainsi r&eacute;alis&eacute; avec succ&egrave;s une &eacute;mission obligataire de 1,5 milliard d&rsquo;euros &agrave; 7 ans, &laquo; Covid-19 Response &raquo;, dont le produit est int&eacute;gralement fl&eacute;ch&eacute; vers le financement de pr&ecirc;ts d&eacute;di&eacute;s au soutien des entreprises dont l&rsquo;activit&eacute; est affect&eacute;e par la crise &eacute;conomique li&eacute;e &agrave; la pand&eacute;mie de la Covid-19. Cette &eacute;mission th&eacute;matique, premi&egrave;re du genre sur le march&eacute; fran&ccedil;ais tous segments confondus, a donn&eacute; lieu &agrave; une forte demande de la part des investisseurs, en particulier ESG [4] . Dans le prolongement du plan de relance, Bpifrance et la Banque des Territoires ont par ailleurs lanc&eacute; le d&eacute;ploiement d&rsquo;un plan Climat commun 2020-2024 de pr&egrave;s de 40 milliards d&rsquo;euros, pour acc&eacute;l&eacute;rer la transition environnementale des entreprises et des territoires, et contribuer ainsi &agrave; la relance &eacute;conomique. Sur le volet Entreprise, Bpifrance mobilisera environ 20 milliards d&rsquo;euros sur la p&eacute;riode, en utilisant largement sa capacit&eacute; de refinancement sur les march&eacute;s financiers pour financer en particulier le doublement de l&rsquo;activit&eacute; de cofinancements d&eacute;di&eacute;s aux &eacute;nergies renouvelables (12,7 milliards d&rsquo;euros) et des dispositifs de pr&ecirc;ts (3,7 milliards d&rsquo;euros) pour aider les entreprises &agrave; se d&eacute;carboner via des actions d&rsquo;am&eacute;lioration de la performance environnementale (process industriels, efficacit&eacute; &eacute;nerg&eacute;tique des b&acirc;timents, mobilit&eacute;). Dans l&rsquo;environnement actuel de forte incertitude, il est enfin n&eacute;cessaire de rappeler que la question de la confiance sera majeure pour la reprise de l&rsquo;investissement des entreprises. Cette situation appelle, en compl&eacute;ment d&rsquo;une interm&eacute;diation bancaire efficace, le d&eacute;veloppement d&rsquo;une palette compl&egrave;te et diversifi&eacute;e d&rsquo;instruments de financement. Bpifrance, dans son r&ocirc;le d&rsquo;acteur de place, accompagne et stimule cette &eacute;volution vers un syst&egrave;me laissant plus de place au financement direct par les march&eacute;s de capitaux, &agrave; l&rsquo;engagement des investisseurs institutionnels et aux financements alternatifs. C&rsquo;est le sens du lancement du fonds Lac1 qui mobilise l&rsquo;argent de grands investisseurs institutionnels francais et internationaux pour intervenir en actionnaire stable et actif au capital des grands groupes fran&ccedil;ais. C&rsquo;est le sens aussi du lancement du fond &laquo; Bpifrance Entreprises 1 &raquo; qui permet aux particuliers d&rsquo;investir dans un portefeuille agr&eacute;g&eacute; de plus de 1 500 entreprises, majoritairement fran&ccedil;aises et non cot&eacute;es, issues du portefeuille des fonds de capital-investissement partenaires de Bpifrance. Si le montant d&eacute;di&eacute;, 95 millions d&rsquo;euros, ne va pas changer l&rsquo;&eacute;conomie de la classe d&rsquo;actifs, c&rsquo;est un pas de plus vers une d&eacute;mocratisation ma&icirc;tris&eacute;e du capital investissement et vers la canalisation directe de l&rsquo;&eacute;pargne financi&egrave;re des m&eacute;nages vers l&rsquo;investissement productif. 1 OFCE, &laquo; Policy Brief 78 &raquo;, 14 octobre 2020. 2 Bpifrance Le Lab, &laquo; 71e enqu&ecirc;te de conjoncture semestrielle aupr&egrave;s des PME &raquo;, juillet 2020. 3 N&eacute;anmoins, si ce d&eacute;calage entre &eacute;conomie r&eacute;elle et march&eacute;s financiers devait durer et surtout si l&rsquo;activit&eacute; &eacute;conomique tarde &agrave; se redresser avec de nouvelles vagues de contagion, on pourrait assister &agrave; un ajustement brutal des prix des actifs ou &agrave; des flamb&eacute;es p&eacute;riodiques de volatilit&eacute;. 4 Environnement, social, gouvernance.

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