La croissance de l’encours de crédits aux sociétés s’est accélérée au cours de l’année 2011, pour atteindre 4,4 % sur un an en décembre, après 1,5 % un an plus tôt. En janvier 2012, le taux de croissance annuel restait assez soutenu, s'établissant à 4,5 % sur un an. Les crédits de trésorerie ont ralenti : 3,8 % en janvier, après des taux proches de 10 % en septembre-octobre. Quant aux crédits à l’investissement, ils ont bien résisté à 4,5 %, soit le rythme moyen observé au second semestre.
Les inflexions sont en général perceptibles plus rapidement sur la production (flux de nouveaux crédits) que sur l’encours, mais le flux des nouveaux crédits accordés aux sociétés (en cumul 12 mois) ne montre pas non plus de signes de freinage marqué sur les derniers mois (voir Graphique). Il a atteint 245 milliards d’euros en janvier, en progression de 4,1 % sur un an, après 5,5 % en décembre et 3,5 % en moyenne en 2011.
Cette bonne tenue relative des crédits aux sociétés peut surprendre, alors que la conjoncture économique est médiocre et le climat des affaires nettement dégradé.
La demande de crédit des sociétés est en fait demeurée assez soutenue, compte tenu de la hausse de leurs dépenses et de l’accroissement de leur besoin de financement. L’investissement productif a progressé de 3,9 % en volume en 2011 et a même rebondi en fin d’année. Un rattrapage a été opéré après la forte contraction de 2009 et la faible hausse de 2010. De même, les entreprises ont opéré un important mouvement de reconstitution des stocks. Les dépenses des entreprises se sont ainsi accrues de 14 % en valeur en 2011. Dans le même temps, leurs profits non distribués étaient en léger recul. Au total, le besoin de financement s’est nettement accru, à 55 milliards, contre 20 milliards par an environ en 2009 et 2010.
Ces tendances devraient toutefois s’infléchir en 2012. Au vu de l’
Les dépenses des entreprises devraient reculer assez nettement en valeur en 2012, de près de 10 %. L’investissement productif serait en hausse quasi nulle en volume, compte tenu du manque de visibilité sur l’environnement économique et financier mondial (crise de la dette souveraine en zone euro, tensions au Moyen-Orient), du freinage des débouchés domestiques et européens et de l’absence de tensions sur les capacités de production. Pour des raisons similaires, le mouvement de restockage va s’interrompre et un léger destockage est même attendu. Parallèlement, les profits devraient rester très mitigés : croissance très faible (0,2 % en moyenne), hausse modeste des gains de productivité et fiscalité alourdie. Au total, le besoin de financement des sociétés devrait se réduire nettement et le taux d’autofinancement passerait de 74 % en 2011 à 82 % en 2012. La demande de crédit serait donc sensiblement moins soutenue.
Le flux de nouveaux crédits accordés (cumul 12 mois) devrait ainsi connaître une baisse d’au moins 10 % en 2012. La croissance annuelle de l’encours des crédits aux sociétés ralentirait peu à peu, pour se situer fin 2012 dans une fourchette allant de 1,5 à 2 %.