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Plan d'urgence

Les petites entreprises affluent au guichet des PGE

Créé le

24.04.2020

Nombreuses à solliciter un prêt garanti par l’État, PME et TPE se plaignent de réponses trop tardives de la part des établissements financiers.

La garantie de l’État sur 300 milliards d’euros de prêts aux entreprises suscite bien des espoirs. Elle constitue la colonne vertébrale du plan d’urgence mis en place par Bercy, pour faire face aux conséquences économiques liées au coronavirus. Le 22 avril, un mois après le lancement de ce programme géant, 251 000 prêts garantis par l'État (PGE) avaient été accordés, pour un total approchant de 40 milliards d'euros et un montant moyen par prêt de 140 000 euros, selon Bpifrance. La demande en prêts des entreprises, elle, s’élevait aux environs 60 milliards d'euros. La Fédération bancaire française (FBF), par la voix de son président Frédéric Oudéa, estimait le taux de refus des banques à moins de 5 %.

Des réponses très attendues

Mais selon une enquête menée du 10 au 15 avril par le Syndicat des Indépendants (SDI) auprès de ses adhérents, 52 % des TPE avaient sollicité un PGE auprès de leur banque, et 58 % d'entre eux étaient encore sans réponse. « Les plus solvables ont obtenu des réponses très rapides, voire des propositions par anticipation, observe Jean-Guilhem Darré, délégué général du SDI. Mais d’autres doivent montrer patte blanche et présenter de nombreux documents, alors même que les bilans comptables ne sont pas prêts. Et en mars, sans rentrées d’argent, elles ont dû payer salaires et charges, puiser dans la trésorerie. » Selon le SDI, la plupart des refus sont liés à un manque de fonds propres, à des incidents de paiement antérieurs, ou à un crédit de trésorerie accordé quelques mois auparavant. « Le fait que l’État garantisse à 90 % les emprunts ne modifie pas l’approche habituelle du secteur bancaire dans l’octroi d’un crédit », résume Jean-Guilhem Darré.

Dans un communiqué commun des banques et des organisations syndicales représentatives de la profession, daté du 20 avril, la profession bancaire assure tout faire pour mettre en œuvre l’ensemble des mesures de soutien aux entreprises décidées par l’État. « Les établissements bancaires jouent le jeu, dans leur immense majorité, confirme Bernard Cohen Hadad, président de la CPME Île-de-France. Mais ce qui n’était pas possible en 2019 ne le sera pas en 2020. Ce dispositif exceptionnel ne doit pas aggraver la dépendance financière des entreprises, au lieu de les aider. » Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, affirmait le 22 avril sur RTL que certaines d’entre elles s’étaient vu refuser de tels prêts, au contraire, car elles « n'en avaient pas besoin » et cherchaient à bénéficier du crédit au taux de 0,25 %, bonifié par l’État. Le 21 avril, le médiateur du crédit aux entreprises rappelait aussi « l’afflux massif » de demandes de PGE auquel doivent faire face les banques. Selon Bercy, les TPE représentent 90% des bénéficiaires de PGE.

Un dispositif qui laisse du temps

Les entreprises sont pourtant loin d’avoir épuisé les 300 milliards d’euros affectés. Le programme doit les accompagner jusqu’à la fin de l’année. « C’est un dispositif de moyen terme, rappelle Bernard Cohen-Hadad. Les entrepreneurs ne devraient pas s’inquiéter d’une enveloppe qui se tarirait rapidement. »

Confrontées au refus persistant des banques, les petites entreprises peuvent en dernier recours bénéficier de la nouvelle aide de 500 millions d’euros de l’État, sous forme d’avances remboursables de l’État, dans le cadre du fonds de solidarité élargi. Enfin, un amendement du Gouvernement du gouvernement dans le projet de loi rectificatif doit permettre d'intégrer les plateformes de crowdlending au dispositif des prêts garantis par l’État aux entreprises.

Plus encore que les banques, les assureurs font l’objet de vives critiques de la part des petites entreprises. Celles-ci admettent difficilement que la garantie qu’elles ont souscrite contre les pertes d'exploitation ne couvre pas le risque de pandémie. Invitées par le gouvernement à participer à l’effort national, les compagnies d’assurances ont consenti du bout des lèvres à abonder le fonds de solidarité pour les PME à hauteur de 400 millions d’euros. « Nous n’attendons pas des assureurs la prise en charge de toutes nos pertes, insiste Jean-Guilhem Darré, mais une participation au fonds de solidarité supérieure. Ils réalisent d’importantes économies pendant le confinement avec la baisse des sinistres automobiles. » En attendant, les assureurs avancent en ordre dispersé. La Maif reverse à ses sociétaires ces économies réalisées grâce à la baisse de la sinistralité automobile. Le groupe Crédit Mutuel - CIC a annoncé le versement d'indemnités forfaitaires à ses assurés.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº844