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Prêts non performants

Les fonds de dettes en embuscade

Créé le

21.10.2020

Alors que les autorités européennes s’inquiètent d’une multiplication des prêts non performants au bilan des banques, des fonds de dettes sont candidats au rachat de ces créances. Ils s’attendent à une augmentation du nombre de transactions.

Si le problème des NPL [1] n’est pas nouveau, il revient sur le devant des préoccupations des autorités européennes avec la crise sanitaire qui accentue l’endettement des entreprises et dégrade la capacité de remboursement de nombreux débiteurs. Cette question inquiète notamment le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombroskis dont le discours du 25 septembre 2020 insiste sur la nécessité de résoudre le problème des NPL, notamment en les faisant sortir des bilans bancaires. Le vice-président aurait également affirmé récemment : « cette fois on ne va pas laisser les NPL s’accumuler. Et les sociétés de gestion d’actifs pourraient faire partie de la solution ».

Des sociétés de gestion d’actifs à l’affut

Certaines sociétés de gestion d’actifs pilotent des fonds de dettes susceptibles d’acheter des créances bancaires qu’elles soient saines ou, au contraire, contentieuses. Co-fondateur de la société de gestion Acofi et fin connaisseur des fonds de dette, Thibault de Saint-Priest distingue deux types de cessions de créances: « il y a d’une part des transactions qui concernent un seul débiteur (ou un nombre très réduit de débiteurs) par opération et ces transactions ont lieu de façon régulière et en toute confidentialité. D’autre part, il y a les cessions de portefeuilles de créances et ce marché, qui a été peu actif ces dernières années, pourrait retrouver de la vigueur du fait de la crise sanitaire; celle-ci a toutefois, dans un premier temps, en raison du soutien massif accordé par les différents États européens à leurs économies qui sont provisoirement sous perfusion, plutôt bridé les initiatives, sans les empêcher totalement: par exemple, l’une des grandes banques françaises a récemment cédé, à un fonds, un portefeuille de prêts à des particuliers et à des PME-ETI qui comprenait des crédits non performants ou sous performant, avec ou sans collatéral. Les opérations de ce type demeurent rares à ce jour, ce qui implique une concurrence féroce entre les acquéreurs potentiels mais la donne pourrait changer si les cessions se multiplient, ce à quoi s’attendent les gérants de fonds et les acteurs qui jouent le rôle d’intermédiaire ou de conseil. Les établissements les plus touchés par les NPL se trouvant plutôt dans les pays du sud de l’Europe, les transactions pourraient les concerner davantage. » Ces opérations prennent la forme d’appels d’offres au cours desquels les acquéreurs potentiels mènent des due diligences qui leur permettent de savoir à quel prix l’opération peut être intéressante pour eux. Une fois propriétaire des créances, le fonds est susceptible de mener des opérations de restructuration de dette, notamment en octroyant un nouveau prêt.

Les assureurs parmi les investisseurs

Alors qu’ils ont longtemps relevé en France de la titrisation, les fonds de dette, dès lors qu’ils ne recourent pas au tranchage, peuvent depuis 2017 échapper à cette catégorie dont l’image souffre encore du rôle qu’ont joué certains véhicules dans le déclenchement de la crise financière de 2008. Ce point a son importance aux yeux des assureurs, qui font partie des acteurs investissant dans les fonds de dette, car le traitement de la titrisation est spécifique dans l’environnement Solvabilité 2. Toutefois, les assureurs ne sont pas obligés de passer par un fonds de dette pour s’exposer à cette catégorie d’actifs: ils peuvent aussi acheter directement des créances auprès de banques. SG

 

1 Non performing loans, Prêts non performants

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº849
Notes :
1 Non performing loans, Prêts non performants