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Europe de l'Est : des risques surévalués

Créé le

11.01.2012

-

Mis à jour le

27.01.2012

Confrontées à la nécessité de se recapitaliser, les banques d'Europe de l'Ouest pourraient, selon certains analystes, réduire la voilure en Europe de l'Est. Selon Marcus Svedberg, chief economist chez East Capital, ce n'est pas un risque avéré.

Les rumeurs portant sur des mouvements de réduction de bilan des banques occidentales en Europe de l’Est sont-elles fondées ?

Les exigences accrues en matière de capital réglementaire, conjuguées aux difficultés que certaines banques d’Europe de l’Ouest rencontrent sur leur marché domestique, font imaginer à certains analystes qu’une manière de se conformer à cette réglementation consiste à réduire leur exposition sur leurs filiales en Europe.

Cependant, il n’existe à ce jour aucune preuve que ce mouvement de réallocation de capital soit en marche. De plus, bien que le risque soit indéniable, la « menace » ne concerne pas de manière uniforme tous les pays d’Europe de l’Est.

Quels sont les pays potentiellement les plus exposés ?

Le problème, à mon sens, n’est pas aussi important que certains analystes le laissent à penser. Il convient pour en juger de se référer à deux indicateurs clés que sont la part de marché des banques étrangères dans l’économie et le taux crédits/dépôts.

Des pays tels que la Hongrie, la Croatie, la Bulgarie ou la Roumanie peuvent être considérés comme exposés, tandis que la Russie ou la Turquie, à l’inverse, ne sont absolument pas vulnérables car le système bancaire appartient majoritairement à des locaux, et que le ratio crédit/dépôts est inférieur à 100%, ce qui signifie que les banques sont financées par l’épargne domestique.

En outre, le risque potentiel de réduction du bilan ne concerne que les nouveaux crédits.

Des cessions sont-elles à prévoir ?

Là encore, aucune annonce n’est venue entériner les spéculations sur ce sujet. Beaucoup de rumeurs ont en particulier circulé sur la Pologne. Mais jusqu’à présent subsistent des incertitudes sur les acheteurs potentiels et le prix de vente. Des entités telles que des institutions bancaires polonaises, des fonds de pension, d’autres banques étrangères, l’État ou encore des institutions financières internationales pourraient se porter acquéreurs.

Mais pour autant que je sache, aucun accord n’a été conclu : même si les banques d’Europe de l’Ouest rencontrent des difficultés et recherchent des liquidités, le marché polonais est très prometteur. L’économie polonaise se porte bien : en 2008-2009, la Pologne a été le seul pays de l’UE à connaître une croissance positive.

Comment évolue la situation de la Hongrie ?

Les dirigeants hongrois ont nui aux intérêts de leur pays en instaurant cette constitution. Le gouvernement fait désormais marche arrière et annonce qu’il va collaborer avec le FMI. En tout premier lieu, le FMI demandera à ce que l’indépendance de la banque centrale hongroise soit restaurée. Le gouvernement a le dos au mur. Le revirement politique, qui ne fait aucun doute, aura un impact favorable sur les marchés.

Quel est l’impact de la crise de la zone euro sur les économies des pays de l’Est ?

L’Europe de l’Est dans son ensemble est très affectée par la situation de la zone euro. Ceci devrait a minima perdurer pendant le premier semestre 2012. On peut presque parler d’une prise d'otage : hormis quelques exceptions, les économies se portent bien, les pays ne connaissent pas les mêmes problématiques d’endettement public.

Nous attendons les résultats du prochain sommet de la zone euro et espérons une résolution rapide de ces problèmes.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº745