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Groupe BNP Paribas

« Le mécénat est la rencontre, souvent inattendue, entre des mondes éloignés les uns des autres »

Créé le

14.11.2013

-

Mis à jour le

05.12.2013

Mécène depuis près de 30 ans, BNP Paribas apporte son soutien dans le domaine culturel mais aussi, de plus en plus, sur le terrain social, en France et à l’étranger. Pour être en phase avec le monde qui l’entoure et son évolution…

Pourquoi une banque fait-elle du mécénat ?

Il y a beaucoup d’idées reçues sur le mécénat des entreprises, la première étant que l'avantage fiscal en serait le moteur. Sans doute, la loi Aillagon de 2003 a-t-elle permis non seulement de combler le retard de la France dans ce domaine, mais aussi de nous doter de l'un des dispositifs les plus avantageux qui soit. Ces mesures ont bien sûr un effet incitatif qui entraîne un cercle vertueux ; elles n'en ont pas pour autant un rôle déclencheur. Ce qui conduit une entreprise à s'engager sur le terrain de l'intérêt général, c'est avant tout l'envie d'exprimer l'attention qu'elle porte au monde qui l'entoure, au-delà des missions et responsabilités liées à son activité. Et on ne peut pas exclure qu'il y ait un peu de générosité qui sous-tende ce choix ! Les entreprises ne vivent pas en vase clos. Elles sont en prise directe avec la société et accompagnent son évolution. Principaux rouages du développement économique, les banques sont plus concernées encore par ces enjeux, au point que certaines, et nous en faisons partie, affichent leur volonté de devenir des acteurs à part entière de la vie sociale et culturelle.

En mettant en place des politiques de mécénat dès le début des années 1980, les dirigeants de la BNP comme de Paribas ont été des précurseurs. Si les modes d'intervention différaient – régie directe pour la BNP, fondation créée en 1984 placée sous l'égide de la Fondation de France pour Paribas –, les motivations étaient identiques : ouverture, décloisonnement, volonté de tisser des liens avec des partenaires venus d'horizons divers. Cette démarche, qui a donné lieu à la création de la Fondation BNP Paribas lors du rapprochement des deux banques en 2000, ne s'est jamais démentie au fil du temps. Attentive aux mutations de la société, la fondation a su évoluer. Ses champs d'action se sont étendus et couvrent la culture, l'éducation, la solidarité et la recherche.  Mais elle est restée fidèle à ses principes fondateurs : donner priorité à l’individu sur l’institution, inscrire nos actions dans la durée, accompagner nos partenaires sur le terrain dans une vraie relation de compagnonnage. Le mécénat est la rencontre, souvent inattendue, entre des mondes éloignés les uns des autres. Être à l'écoute, développer des relations de confiance, accorder le temps nécessaire à la mise en place d'un projet, construire ensemble… Au fond, ce que nous souhaitons, c'est ni plus ni moins mettre un peu d'huile dans les rouages et apporter notre pierre, fût-elle modeste, à l’édifice d’un monde meilleur.

Mécène depuis 30 ans, de la culture notamment, BNP Paribas a lancé fin 2005 le « Projet Banlieues ». En quoi consiste ce programme ?

BNP Paribas est une banque fortement implantée en zones urbaines, dont celles dites « sensibles ». Quand la crise des banlieues a éclaté à l'automne 2005, nous avons ressenti le devoir d'agir rapidement, intelligemment et durablement. La fondation a établi dans un délai record le programme Projet Banlieues, en valorisant les liens très ténus tissés depuis des années avec deux associations d’envergure nationale, l’ Adie [1] , et l’ Afev [2] . Développé en étroite coordination avec le réseau de la banque de détail, le Projet Banlieues repose sur trois piliers :

  • lutte contre le chômage par la création d’emplois et de lien social avec l’Adie ;
  • accompagnement scolaire d’enfants en difficultés avec l’Afev ;
  • soutien à des initiatives locales, portées par des associations de quartiers en zones urbaines sensibles (ZUS).

À l’origine, les responsables d’agence aidaient à identifier ces associations porteuses d'initiatives. Le programme allant croissant, les dossiers peuvent désormais être déposés sur une plate-forme dédiée.

Quels sont les résultats du Projet Banlieues à ce jour ?

En augmentation régulière, son budget s'élève à 1,65 million d’euros en 2013. Le programme fonctionne bien, parce qu'il est réaliste et concret. 13 antennes supplémentaires ont été créées pour l’Adie, favorisant la création de 2 500 micro-entreprises et plus de 4 500 emplois depuis 2006. Avec l’Afev, 4 nouvelles antennes ont été créées et 6 autres renforcées. 7 000 étudiants bénévoles ont apporté leur soutien à 7 000 enfants. Enfin, depuis 8 ans, 584 associations ont reçu un soutien de notre part.

Le Projet Banlieues catalyse d’autres actions de mécénat : ainsi, en partenariat avec le Conseil Général de Seine-Saint-Denis, Odyssée Jeunes finance les voyages scolaires des collégiens du département. En 4  ans, 27 000 jeunes en ont bénéficié.

Le mécénat chez BNP Paribas s’oriente-t-il désormais davantage vers du mécénat social au détriment d’autres domaines ? Quelles sont vos actions dans le secteur culturel aujourd’hui ?

Il n'y a rien de surprenant à ce que nos programmes aient évolué sous l'effet de la crise économique et de ses répercussions sociales. Pour ma part, j'y vois un signe de vitalité de notre politique de mécénat qui sait s’adapter et prendre en compte de nouvelles problématiques sociétales. Si nous épaulons davantage de projets dans le champ social, il n'y a jamais d'arbitrage budgétaire au détriment des projets culturels et artistiques. Ils sont simplement proportionnellement moins nombreux qu’auparavant.

Convaincus que la culture est le premier lien social, qu'elle est un repère, nous restons fortement engagés à travers des actions en faveur de la connaissance et de la valorisation du patrimoine comme en faveur de la diffusion et de la création artistique.

La fondation est un mécène fidèle des musées. Son programme « BNP Paribas pour l’Art » a été créé, il y a 20 ans, sous le patronage du ministère de la Culture et de la Communication et en étroite collaboration avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France. Il a permis de sauvegarder plus de 200 œuvres conservées dans des musées en France comme à l’étranger. Récemment, la restauration de 12 grands masques kanak des collections du musée du quai Branly, a permis au public et aux collaborateurs de BNP Paribas de découvrir ces pièces maîtresses lors de l’exposition « Kanak, l’Art est une parole » présentée jusqu’au 26 janvier 2014 au musée du quai Branly à Paris (voir Encadré).

Dans le même temps, tout en étant aux côtés d’institutions phares de la vie culturelle en régions – festivals de musique classique et de danse… –, la fondation est l'un des rares mécènes de la danse contemporaine, des nouveaux arts du cirque et des musiques de jazz. Notre engagement reflète la conviction que le mécénat, c'est aussi prendre des risques, soutenir l'émergence, qui plus est dans des disciplines peu aidées par les entreprises. Le contact avec des œuvres, la rencontre avec des artistes est une source de découverte, d’étonnement, qui développe l'esprit critique, la capacité à imaginer, à rêver et incite au respect de l'autre.

C’est pourquoi nous avons lancé en 2012 un nouveau programme, « Smart Start », qui soutient des projets d’insertion et d’éducation par la pratique artistique. Il se déploie en Europe et en zone Asie Pacifique où la banque est présente. En Europe, 200 000 euros par an sont alloués pendant 3 ans au profit de 3 100 enfants. En Asie Pacifique, ce sont 4 000 enfants qui en sont bénéficiaires.

Quid du mécénat dans le domaine environnemental ?

Il y a 3 ans, la fondation a lancé un programme de recherche sur le changement climatique, « Climate Initiative », qui vient renforcer l’un des engagements de la politique Responsabilité sociale et environnementale (RSE) de la banque. Doté d’un budget annuel de 1 million d’euros, le programme vient d’être reconduit pour 3 ans.

La banque associe-t-elle ses collaborateurs à ses actions de mécénat ?

Cette année, nous célébrons le dixième anniversaire de « Coup de pouce aux projets du personnel », qui soutient des projets d’intérêt général portés par des salariés engagés de façon bénévole dans des associations de solidarité. Aujourd’hui, le programme s’étend à 9 pays. Chemin faisant, de nombreuses initiatives ont été mises en place par nos lignes de métiers, en France et à l’étranger, pour fédérer leurs collaborateurs autour de valeurs et d’engagements communs, au premier rang desquels le « Projet Banlieues » ou encore « Benev’all ». Le Téléthon, dont nous sommes partenaires depuis l’origine, occupe aussi une place emblématique, en France et en Italie. Par ailleurs, la fondation épaule deux associations créées par des cadres retraités de BNP Paribas : Bénévolat de compétences et solidarité (BCS) et Microfinance sans frontières.

Le mécénat est-il aussi un mode de communication institutionnelle ?

Bien sûr, le mécénat est un mode de communication : s’il valorise l’image de notre Groupe, c’est aussi un relai de promotion important pour nos partenaires. Communiquer sur le mécénat est donc doublement souhaitable !

Y a-t-il une articulation entre mécénat et sponsoring, tous deux dans la même direction de la communication du groupe ?

Mécénat et sponsoring obéissent à deux logiques différentes. Le mécénat exprime la personnalité, l’identité d’une entreprise. Le sponsoring joue sur le registre de la notoriété. Ils sont donc complémentaires et parfois se rejoignent : sponsor du tennis depuis 40 ans, BNP Paribas a développé pour le Téléthon des opérations ciblées avec 150 clubs de tennis partenaires de notre réseau, permettant de lever 100 000 euros.

Comment évaluez-vous les retombées du mécénat ?

Au terme d’évaluation, qui induit une obligation de résultat peu conforme à l’esprit de nos programmes, je préfère celui d’indicateur. Nous avons lancé en 2010 Phi, un outil de reporting pour situer l’action globale de mécénat au sein du groupe BNP Paribas. Pour 2012, Phi a recensé 2 167 projets à travers le monde pour un montant de 38,83 millions d’euros (38 % pour la solidarité, 27 % pour l’éducation, 23 % pour la culture, 9 % pour la santé et 3 % pour l’environnement). La seule Fondation BNP Paribas a porté 325 projets en 2012 avec un budget de 6 millions d’euros (40 % pour la solidarité, 23 % pour l’éducation, 22 % pour la culture, 12 % pour l’environnement et 3 % pour la santé). Autre indicateur : les retombées presse (200 articles par an aujourd’hui, contre 60 il y a 10 ans).

Au-delà des chiffres, ce sont les témoignages de nos clients, de nos collaborateurs qui nous encouragent à poursuivre le chemin. Sans parler de la réussite des projets de nos partenaires : le meilleur « retour sur investissement » qui soit !

Propos recueillis par Laure Bergala.

 

1 Association pour le droit à l’initiative économique. 2 Association de la fondation étudiante pour la ville.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº766
Notes :
1 Association pour le droit à l’initiative économique.
2 Association de la fondation étudiante pour la ville.
RB