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Rétrospective 2013

La culture échappe à la crise

Créé le

12.12.2013

-

Mis à jour le

03.01.2014

L’investissement des banques dans la culture n’a pas faibli ces dernières années, en dépit d’un contexte économique morose. 2013 témoigne de cet engagement qui perdure. C’est essentiellement à travers le mécénat (et parfois le sponsoring) qu’elles investissent dans la culture. Elles sont des entreprises pionnières du mécénat en France depuis 30 ans, et près de 90 % des banques soutiennent aujourd’hui la culture. Leur mécénat s’est initialement dirigé vers ce secteur, désormais devancé par le social dans les budgets mais toujours important (25 % du budget mécénat).

Plusieurs grandes banques françaises soutiennent la musique, dont les différentes formes  peuvent toucher tous les publics. Elles sont souvent présentes dans la restauration du patrimoine et d’œuvres d’art. Crédit Agricole valorise ainsi le patrimoine au niveau régional, avec la Fondation Pays de France créée dès 1979. Les établissements financiers sont mécènes d’expositions, des arts vivants, de l’art et de la danse contemporaine… Natixis a par exemple soutenu l’exposition Monet en 2010 et la rénovation de la galerie des Impressionnistes du musée d’Orsay en 2011. Bank of America Merrill Lynch participera à la restauration de L'Atelier du Peintre de Courbet dans ce musée en 2014…

Les banques françaises font aussi vivre la culture à l’international. Le service mécénat de Société Générale a constitué depuis 1995 une grande collection d’art contemporain qui rassemble 350 œuvres originales et 700 lithographies, éditions et sérigraphies. Son budget acquisition est de 300 000 euros par an. Les œuvres sont exposées dans ses locaux, à la Défense principalement, où les collaborateurs côtoient au quotidien un accrochage renouvelé chaque année auquel ils peuvent aussi participer (« L’archipel des images » a été installé en octobre 2013 pour une durée de 4 mois). Réalisées pour moitié par des artistes étrangers des 70 pays où la banque est présente, ces œuvres participent à des expositions comme « La méditerranée n’est pas seulement une géographie » en 2013 à l’occasion de Marseille capitale européenne de la Culture, avec des pièces provenant aussi de sa filiale marocaine.

Le mécénat des acteurs financiers est aussi celui de philanthropes qui œuvrent  à titre privé. Lionel Zinsou, directeur du fonds d’investissement PAI Partners, est à l’initiative du tout nouveau musée de la Fondation Zinsou à Ouidah, au Bénin, qu’il finance à 75 %. Le financier franco-béninois a auparavant financé à 100 % la création de la Fondation Zinsou lancée à Cotonou en 2008. Ouvert le 11 novembre 2013, le musée est le premier entièrement consacré à des artistes contemporains en Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud). « Un programme culturel viendra compléter l'exposition, avec des événements, des rencontres et des publications accessibles à tous. Cette initiative vise à transformer le musée de Ouidah en une plate-forme de dialogue, en utilisant la collection et les autres contributions comme outils pour participer au développement du paysage culturel et social », indique l’équipe du musée. Un objectif qui pourrait être celui de tout projet culturel mené par un financier ou par une banque…

 

ILS L’ONT DIT

Les banques, mécènes historiques de la culture

« Les banques sont les pionnières du mécénat d’entreprise français.  Elles se sont vraiment senties concernées par le mécénat, qui est une question d’image, de réputation, de relation avec le public. Le mécénat est apparu aux banques comme la possibilité d’humaniser l’entreprise, de lui donner une personnalité, à travers une fondation. C’est pourquoi elles ont aussi toutes fait le choix de la culture à la genèse de leur mécénat. Cela leur a donné la possibilité d’organiser des événements, d’y faire participer leurs collaborateurs, fournisseurs, clients, tout en soutenant des projets d’intérêt général, ce qui est la définition du mécénat. Ce qui est important pour les banques, c’est la possibilité d’être à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise, d’établir des relations avec les acteurs de la société civile. »

Bénédicte Menanteau, déléguée générale, Admical, Revue Banque n° 766, décembre 2013, p. 28.

 

BNP Paribas : « La culture est le premier lien social »

« Convaincus que la culture est le premier lien social, qu'elle est un repère, nous restons fortement engagés à travers des actions en faveur de la connaissance et de la valorisation du patrimoine comme en faveur de la diffusion et de la création artistique. La fondation est un mécène fidèle des musées. Son programme “BNP Paribas pour l’Art” a été créé, il y a 20 ans, sous le patronage du ministère de la Culture et de la Communication et en étroite collaboration avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France. Il a permis de sauvegarder plus de 200 œuvres conservées dans des musées en France comme à l’étranger. Récemment, la restauration de 12 grands masques kanak des collections du musée du quai Branly, a permis au public et aux collaborateurs de BNP Paribas de découvrir ces pièces maîtresses lors de l’exposition “Kanak, l’Art est une parole” présentée jusqu’au 26 janvier 2014 au musée du quai Branly à Paris. »

Martine Tridde-Mazloum, responsable Mécénat Groupe, BNP Paribas, Revue Banque n° 766, décembre 2013, pp. 33-34.

 

Musée d’Orsay : « fédérer en interne »

« Les secteurs de la banque et de l’assurance jouent un rôle décisif dans les projets de l’établissement public, qui développe année après année des partenariats « gagnants gagnants » basés sur le long terme. Le mécénat permet aux entreprises d’exprimer leur engagement et leur responsabilité sociétale. La culture est en effet l’un des vecteurs essentiels de solidarité : accueil des publics éloignés, accès à la culture pour tous, diffusion des connaissances auprès des jeunes, sauvegarde du patrimoine… Il est également un outil original permettant à la fois de fédérer en interne les collaborateurs autour d’un projet porteur de sens et de valeur, de fidéliser ses clients en créant des relations privilégiées, mais également de communiquer différemment. »

 

Guillaume Maréchal,  responsable du mécécat, et Olivier Simmat, conseiller auprès du Président, Musée d’Orsay, Revue Banque n° 766, décembre 2013, p. 37.

 

Caisse d’Epargne sponsorise musique et BD

« En lançant le dispositif “Esprit Musique”, la Caisse d’Épargne a privilégié deux dimensions : le live en région et l’accessibilité aux événements musicaux. Nous coproduisons des concerts classiques, offrons des places privilégiées à des clients sur des concerts internationaux, promouvons la jeune scène musicale française, et accompagnons 56 salles sur l’ensemble du territoire en France. Nos partenariats sont souvent issus de celui qu’une caisse régionale a noué sur son territoire. C’est le cas de la bande dessinée : le premier partenariat a été fait en 1984 autour du Festival de la bande dessinée d’Angoulême, qui n’était pas encore très connu. La Caisse d’Épargne a commencé par soutenir le concours de BD scolaire, à Angoulême. Cela a permis de donner une connotation nationale au soutien de la Caisse d’Épargne à l’univers de la bande dessinée. »

 

Guillaume Cade, directeur du sponsoring et du mécénat, Caisse d’Epargne, Revue Banque n° 766, décembre 2013, p. 43.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº767