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BNP Paribas : « Nous accompagnons toutes les entreprises pour accélérer leur transition »

Créé le

19.11.2019

Le financement de la transition énergétique des clients entreprises de la banque de détail de BNP Paribas en France passe désormais par un dispositif global qui permet de financer les acteurs des énergies renouvelables et d’accompagner la transition de l’ensemble des entreprises.

La banque de détail en France de BNP Paribas a mis en place un dispositif pour accélérer la transition énergétique de ses clients entreprises. Que propose-t-il ?

Nous avons mis en place un dispositif global reposant sur plusieurs piliers. Tout d’abord, nous accompagnons les acteurs des énergies renouvelables – éolien, solaire et hydroélectrique. Nous avons plus de 130 clients dans ces domaines en France. Nous finançons toute taille de projets, de taille modérée, depuis un parc de 7 éoliennes financé pour 10 millions d’euros, aux plus importants comme le groupe Tenergie, qui développe des centrales d’énergie solaire, avec des refinancements de projets de plusieurs centaines de millions. Nos équipes Entreprises de banque de détail financent des projets jusqu’à 100 millions d’euros environ. Au-delà, elles accompagnent les entreprises en étroite collaboration avec la banque de financement et d’investissement (BNP Paribas CIB).

Outre le financement de ces acteurs dont la transition énergétique est le métier, nous accompagnons toutes les entreprises, TPE, PME, ETI et grandes entreprises, pour accélérer leur transition énergétique. Nous avons annoncé au printemps dernier une offre globale d’accompagnement de la transition énergétique en prenant en compte trois leviers très importants : l’immobilier, la mobilité et les actifs technologiques.

Enfin, nous accompagnons aussi nos grands clients de la banque de détail sur des obligations vertes et des sustainable bonds, comme avec les 3,7 milliards de green bonds structurés pour le Grand Paris.

En quoi consiste cette offre d’accompagnement de la transition énergétique des entreprises ?

Elle repose sur trois 3 leviers que nous avons choisis car ils correspondent aux domaines les plus énergivores pour les entreprises.

L’un des plus importants est le bâtiment, dont provient 47 % de la consommation d’énergie en France, selon la SDES. Nous invitons nos clients à réfléchir à la rénovation de leurs bâtiments, en les accompagnant de l’audit énergétique simple ou réglementaire à l’analyse de contrats pour renégocier les contrats d’énergie, aux informations sur les aides incitatives de l’état (subventions, certificat d’économie d’énergie), à la maîtrise d’ouvrage et au financement des travaux de rénovation. Ces travaux permettent de réaliser jusqu’à 25 % d’économies d’énergie, donc les entreprises sont non seulement dans une logique vertueuse, mais en même temps elles vont réduire leur facture énergétique. Cet accompagnement peut concerner toute taille d’entreprise du moment qu’elle dispose d’un bâtiment (bureau, usine, entrepôt…).

Le second poste très important est celui de la mobilité. 39 % des émissions totales de gaz à effet de serre en France proviennent du secteur des transports, selon l’Ademe. Nous proposons aux entreprises de moderniser leur flotte de véhicule, de louer des véhicules électriques ou au gaz naturel, de repenser leur mobilité en développant l’autopartage ou le vélopartage… La banque accompagne le dirigeant dans sa réflexion sur l’évolution de sa mobilité, analyse les données de l’entreprise, et finance l’achat de véhicules propres.

Le troisième pilier concerne les actifs technologiques. Chaque salarié consomme en moyenne 5 740 kWh d’énergie par an du fait des outils numériques, selon greenIT.fr. Nous proposons aux entreprises, pour les aider à réduire cette consommation d’énergie, de se doter des équipements appropriés. Nos équipes d’experts auditent le parc informatique d’une entreprise et peuvent ensuite proposer la location d’outils informatiques plus économe en énergie tout en réfléchissant à la seconde vie des équipements, par exemple en recyclant des parcs obsolètes, etc. Nous proposons du financement direct mais aussi de la location en crédit-bail d’équipements qui permettent d’améliorer l’efficacité énergétique de l’entreprise (générateurs photovoltaïques, capteurs solaires, pompes à chaleur…).

BNP Paribas n’a pas dû attendre la structuration de cette offre au printemps 2019 pour financer la transition énergétique de ses clients ?

Nos équipes de la Banque de Détail en France, les experts d’Arval, de Leasing Solutions et de Real Estate proposaient déjà des solutions depuis de nombreuses années. Notre accompagnement vis-à-vis des entreprises était fait au « cas par cas ». Aujourd’hui ce qui change profondément est que nous sommes aussi dans la proposition : nous sensibilisons les entreprises sur les enjeux de la transition énergétique, et nous attachons aussi à leur démontrer que ces actions sont sources d’économies.

Dans le financement de la transition énergétique, le rôle de la banque est donc d’inciter les clients à faire leur transition et pas uniquement de répondre à leur demande ?

Aujourd’hui, nous sommes persuadés chez BNP Paribas que ces actions en faveur de la transition énergétique sont des facteurs de transformation sociétaux importants. Les grandes entreprises y participent naturellement, or il est parfois plus difficile pour les PME et les ETI d’y prendre part. Si nous voulons être acteurs de ce changement en tant que banquiers au contact quotidien des projets des entreprises, nous devons les informer, les sensibiliser et les accompagner dans la mise en place d’actions concrètes pour la transition énergétique.

Les entreprises ont par ailleurs des obligations légales concernant la transition énergétique…

Nous rappelons en effet les obligations légales concernant la transition énergétique dans notre offre. Depuis la loi DDADUE  [1] de 2013 par exemple, les structures de plus de 250 salariés dont le chiffre d’affaires dépasse 50 millions d’euros ont l’obligation réglementaire de réaliser un audit énergétique (à l’exception des entreprises qui possèdent la certification ISO 50001). La loi Elan  [2] de 2018 précise des obligations de réduire la consommation d’énergie dans les bâtiments à usage tertiaire, etc.

Financez-vous des start-up spécialisées dans la transition énergétique ?

Nous accompagnons des start-up innovantes de la transition énergétique. Sur plus de 3 000 start-up accompagnées par BNP Paribas en France avec son programme WAI, plus de 200 sont des start-up de la « CleanTech ». Parmi elles se trouvent par exemple Métron, start-up de l’IA spécialisée dans l’efficacité énergétique, Deepki, spécialisée dans le bâtiment, Boostheat, qui propose des chaudières nouvelles générations, Waga Energy, qui travaille sur la méthanisation des déchets…

Nous les accompagnons bancairement, avec des chargés d’affaires formés aux spécificités de leur secteur, sur tous les aspects de leur financement et investissement en capital, mais aussi sur leur internationalisation et leur accélération, en les connectant avec des PME et des ETI par exemple.

Nous avons également constaté plusieurs opérations sur les marchés boursiers cette année qui montrent une réelle appétence pour les acteurs de la transition énergétique. Notre filiale Portzamparc, dédiée à l’investissement en Bourse, a réalisé ces dernières semaines deux opérations dans le secteur : l’IPO de Boostheat pour 35 millions d’euros et celle de Hoffman Green Cement Technologies, qui produit du ciment bas carbone, pour 65 millions d’euros. L’opération d’augmentation de capital de Voltalia dans le secteur des énergies renouvelables, est un autre exemple emblématique de cette tendance.

Quelle est l’enveloppe de financement de la transition énergétique des entreprises, et quels sont vos objectifs ?

Nous avons contracté avec la Banque européenne d’investissement une enveloppe bonifiée qui permet de proposer des financements aux entreprises avec une bonification d’intérêts. Nous avons l’ambition d’atteindre 3 milliards d’euros de crédits mobilisés pour la transition énergétique d’ici fin 2021, ce qui représente une augmentation d’un milliard d’euros en moins de 2 ans.

Quelle est la part des prêts verts dans les crédits aujourd’hui et devra-elle augmenter pour tenir les engagements d’accompagner les clients dans la transition ?

Nous avons pris un engagement d’augmentation de nos crédits et nous le tiendrons, mais au-delà des chiffres, le message que nous souhaitons faire passer aux entreprises est « Parlons ensemble de transition énergétique et réfléchissons aux actions à mettre en place ». C’est ainsi que nous contribuerons ensemble à cet enjeu sociétal.

Propos recueillis par L.B.

  1. 1 Loi portant diverses dispositions d’adaptation du droit national au droit de l’UE.
  2. 2 Loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº838
Notes :
1 Loi portant diverses dispositions d’adaptation du droit national au droit de l’UE.
2 Loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique.