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D'une année l'autre

Créé le

23.12.2021

C’est une année particulière qui s’achève et une année particulière qui commence. Malgré les tempêtes sanitaire, diplomatique et économique, 2021 a été moins chahutée qu’on aurait pu le craindre ; 2022 est d’ores et déjà marquée par, notamment, les six mois d’une présidence française de l’Union européenne qui va s’achever après qu’aura été élu un nouveau (ou pas) locataire à l’Élysée, les illisibles changements politiques en Allemagne, la danse des prix et la valse-hésitation des banques centrales, l’inéluctable irruption des cryptomonnaies et des crypto-actifs et, naturellement, les variants présents et à venir d’un virus qui n’en finit pas de bouleverser le monde, les entreprises et les marchés. Difficile, dans ces conditions, de retrouver ses petits, plus encore de tirer des plans sur une comète aux soubresauts imprévisibles. C’est pourtant ce que nous avons demandé à nos experts : décrypter les douze mois écoulés ou, à l’inverse, regarder vers l’avant, chacun dans son domaine, la monnaie, le paiement, la dette, la réglementation (ah, la réglementation !), l’assurance, l’épargne, l’emploi, la technologie, la bourse, la banque de détail et même l’environnement, dont la finance, on l’a beaucoup dit à Glasgow en novembre, est devenue une alliée de poids – ou devrait l’être. La tendance ? Elle est à la fois à l’inquiétude et à l’optimisme, les deux mesurées, mais comment pourrait-il en être autrement ?

Au sommaire également ce mois-ci, la dernière colère, très argumentée, de Jacques de Larosière. L’ancien patron du FMI s’alarme de l’inflation (encore elle) des réserves excédentaires des banques commerciales, une hérésie selon lui, à un moment où le secteur bancaire pourrait mieux employer ces « réserves stériles puisqu’elles n’irriguent pas l’économie » alors qu’elle en a tant besoin. Patrick Sénicourt, le patron de NOTA-PME, et Jean-François Doucède, celui d’Infogreffe, en sont tout particulièrement conscients : ils ont scruté les faillites d’entreprises en 2019, avant l’apparition du Covid-19 sur un marché de Wuhan. Conclusion ? Les entreprises fragiles le sont avant de mettre la clef sous la porte, elles et leurs financiers devraient être plus attentifs aux signaux qui précèdent et annoncent la catastrophe.

Leur faudrait-il plus de reporting ? Les secteurs bancaire et financier, eux, n’en manquent pas, les régulateurs y veillent. En juin prochain, les établissements de crédits et les sociétés d’investissement de grande taille devront ajouter de nouvelles informations ESG à leur panoplie de rapports en tous genres. Hicham Baddag, du cabinet RSM, les aide à prendre de l’avance, ce qui est tout sauf inutile.

De cette régulation-là, a priori, personne ne se plaindra, sinon les cybervoleurs et les cyberterroristes : Benoît Grangé, évangéliste technologique en chef chez OneSpan, plaide pour que les autorités, françaises et européennes, prennent pleinement conscience de la gravité de la menace que représentent pour la sécurité de tous le déferlement des cryptomonnaies, des stablecoins, des jetons numériques et des NFTs. Les blanchisseurs d’argent, les rançonneurs, les pirates sous influence et les djihadistes numériques doivent trouver face à eux des murs à la hauteur. Ces murs, il faudra bien les monter : soyez attentif aux entreprises qui les construisent, conseille Mark Cash, de Morningstar, les maçons numériques pourraient bien être les vedettes de la bourse de demain…

Demain, c’est aujourd’hui. Toute l’équipe de Revue Banque vous souhaite une année 2022 moins agitée que la précédente et espère que ce numéro y aura modestement contribué. Bonne lecture.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº863-864
RB