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Fonds en euros, clean shares… la transformation de l’assurance s’amplifie

Créé le

26.01.2022

Malgré la hausse annoncée du taux du livret A, l’assurance vie devrait rester parmi les placements préférés des Français. Il faut dire qu’elle présente de nombreux atouts, parmi lesquels une enveloppe fiscale avantageuse, l’accès à de nombreux supports d’investissement, la capacité d’arbitrer au sein du contrat la liquidité de l’investissement et le fond euros sécurisé.

L’année 2022 commence par un contexte favorable pour l’assurance vie, une industrie qui a moins souffert que d’autres de la crise (les banques ont fait partie des services essentiels pendant les confinements et une grande partie des services financiers se sont déjà digitalisés), une épargne de précaution importante accumulée par les ménages, des marchés financiers qui sont revenus à des niveaux pré-Covid, le CAC 40 atteignant même son plus haut historique fin 2021. Enfin, c’est la possibilité pour les épargnants de bénéficier des possibilités de transfert ouvertes par la loi PACTE.

Client et environnement économique au cœur des préoccupations

Pour autant, les défis qui attendent les assureurs vie en 2022 sont nombreux et tournent autour de deux axes : les clients et l’environnement macroéconomique. Certes, ni l’évolution des attentes des clients, ni l’environnement de taux bas ne sont nouveaux, mais la crise a accéléré la tendance et le rythme de la transformation.

L’investisseur sera plus que jamais en quête de sens. La finance ne peut plus être le fruit de mécanismes opaques et déconnectés de l’économie réelle. La banque et l’assurance devront faire preuve de plus de transparence dans la façon dont est investie et utilisée l’épargne qui leur est confiée par leurs clients.

Cela concerne tant le financement de l’économie réelle que l’ESG, sur lesquels les acteurs de la finance devront être concrets et crédibles. Faute de quoi le risque réputationnel, de greenwashing, sera réel, renforcé par une réglementation fournie qui s’ajoute aux labels et complexifiera l’appropriation par les épargnants.

Besoin accru de simplicité

Cette transparence passera aussi par la simplicité. Les offres d’épargne sont de plus en plus diversifiées et se sont aussi démocratisées, grâce, notamment, aux acteurs digitaux. Mais leur mécanique intrinsèque (épargne au bilan d’une banque, épargne financière sur laquelle l’épargnant supporte directement le risque en capital ou de liquidité ou via le bilan d’un assureur…) reste méconnue de nombre d’épargnants. Plus les offres sont larges, plus la pédagogie est nécessaire. Le digital et l’accompagnement par le conseiller se complètent, pour fournir cette pédagogie, qui relève presque de la démystification.

Cette transparence passera enfin par les frais, avec de plus en plus d’offres clean share, sans rétrocessions ou frais cachés pour le client. Plutôt réservé, jusqu’à présent, aux clientèles institutionnelles, ce concept commence à s’introduire sur le marché de l’assurance vie. Allianz France a d’ailleurs décidé de le proposer à sa clientèle grand public à travers Allianz Vie Fidélité – et c’est un succès.

Le contexte de taux bas persistants et le réveil de l’inflation vont continuer à mettre les marges des assureurs vie sous pression et les inciter à transformer leur business model.

La hausse des UC favorisée, notamment avec l’épargne retraite

Après une année 2021 marquée par une forte poussée de l’inflation, sa progression en 2022 devrait être limitée par les politiques monétaires toujours accommodantes. Mais, même limitée, la hausse des prix va peser sur les coûts.

La reprise économique a engendré une légère remontée des taux en 2021, qui devrait se poursuivre en 2022. Elle favoriserait les assureurs, qui vont progressivement réinjecter des actifs obligataires plus rémunérateurs dans leurs portefeuilles, tout en lâchant du lest sur la provision pour participation aux excédents (PPE), ce qui aura un impact positif sur la solvabilité. Mais ce sera long.

Dans ce contexte, le triptyque des fonds en euros traditionnels (performance-garantie en capital-liquidité à tout moment) n’est plus viable. Le secteur va continuer sa transformation vers des produits moins consommateurs en capital, à travers des fonds euros revisités, tout en poursuivant des objectifs de croissance des taux d’unités de compte (UC). Étant donné le fort potentiel sur les jeunes actifs et l’intérêt de sa gestion financière évolutive, le Plan d’Épargne-Retraite, dont il faudra faire grandir la notoriété, devrait lui aussi poursuivre sa percée.

En définitive, l’année 2022 devrait voir s’accélérer la transformation du secteur autour de la transparence et de la pédagogie pour les clients, mais aussi de la transformation du business model pour les assureurs, qui devront innover pour proposer des produits moins consommateurs en capital.  M. D.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº863-864